Marie Walewska un amour de l’empereur. Le 1er janvier 1807, l’empereur se rend en carrosse à Varsovie. Mais arrivé à Bronie, on doit changer les chevaux et l’attelage s’arrête. Une foule de Polonais accueille celui qu’ils considèrent comme leur libérateur. Et au milieu d’elle, une très jeune femme blonde, peine de grâce et lui dit » Soyez le bienvenu, mille fois le bienvenu sur notre terre!. Napoléon lui rend son bouquet comme un cadeau, et reprend sa route subjugué par la beauté de la jeune fille.

Marie Walewska est issue d’une famille polonais très pauvre, et après des années de pension, elle revient chez elle avec deux passions: l’amour de la patrie et la religion. Sa mère désirant la marier lui propose deux partis: l’un est un beau jeune homme très riche mais il est russe. L’autre est très riche aussi mais c’est un veuf de 60 ans: Anastase Colona de Walewice Waleski. C’est ce dernier qu’elle épouse et se retire avec lui dans un vieux château éloigné de tout. Lorsqu’elle met au monde un garçon, toute l’Europe est en guerre. Et Maris perçoit Napoléon, ennemi de la Russie qui opprime la Pologne comme un protecteur.

Aussi lorsqu’elle apprend que l’empereur vient à Varsovie, elle convainc son mari et sa cousine de s’y rendre et atteint Bronie au moment de son passage. Depuis Varsovie, Duroc demande au prince Poniatowski d’organiser un bal mais aussi une rencontre avec la jeune femme. Il l’a décrit avec tant de précision que Poniatowski voit de qui l’on parle et l’invite au bal de l’empereur. Mais Marie refuse d’abord puis cède à condition qu’elle porte une simple robe et qu’on ne la présente pas de façon isolée.

Au bal l’empereur paraît absent, parle à quelques femmes et devant Marie, il lui dit: Le blanc sur le blanc ne va pas madame! Puis il quitte le bal. La jeune femme rentre alors chez elle avec son mari et lui avoue qu’elle a accepté malgré elle un dîner auquel participerait l’empereur. Arrivée, sa femme de chambre lui tend un billet de Napoléon: Je n’ai vu que vous, je n’ai admiré que vous, je ne désire que vous!…

Le lendemain son salon est empli de grandes personnalités politiques de la Pologne qui la presse de voir l’empereur. Marie prétexte une migraine et se fait reprendre par un des hommes politiques les plus écoutés: tout doit céder madame, en vue de circonstances si hautes…De nombreux autres le suivent et obligent Marie à lire un second billet de Napoléon qu’elle a refusé de lire.

….Vous m’ôtez le repos. Ho! Donnez un peu de joie, de bonheur à un pauvre cœur tout prêt à vous adorer. Une réponse est-elle si difficile à obtenir? Vous m’en devez deux. « N ». Marie est alors très seule, face à la nation, la patrie, la religion et son mari. Elle accepte alors un dîner où de nombreux convives sont invités autour de l’empereur. Duroc a placé Marie en face de Napoléon qui ne la quitte pas des yeux. Toute intelligentzia polonaise la supplie d’œuvrer pour la nation. Aussi est-il décidé qu’on l’enferme au palais afin qu’elle soit à la disposition de l’empereur. Le soir-même on vient la chercher, un chapeau mis à la hâte, un manteau, et direction: le palais de Napoléon.

Marie qui n’a que 18 ans est présentée telle une princesse à l’empereur. Elle fond en larmes, Napoléon ne comprend pas, l’attire vers le fauteuil en lui parlant doucement. Peine perdue. A deux heures du matin on vient la rechercher au même endroit et l’empereur lui fait jurer de revenir le lendemain. Au petit matin, sa servante lui apporte un cadeau qui vient d’arriver: c’est une rivière de diamant. Marie la jette à travers la chambre en exigeant qu’on la rende sur le champ.

Pourtant le lendemain, elle revient, pressée par Duroc et les diplomates polonais. L’empereur paraît fâché de son refus des cadeaux qu’il lui adresse. Il se met même en colère et lui demande pourquoi elle est venue à Bronie avec des fleurs. Puis il juge les Polonais passionnés et légers: Je veux te forcer à m’aimer! J’ai fait revivre le nom de ta patrie: sa souche existe encore grâce à moi!.

Devant tant de colère et de violence, Marie s’évanouit. Quand elle sort de son évanouissement, elle ne s’appartient plus. Dès lors une liaison commence et Marie rend visite tous les soirs à Napoléon. Pour autant ce que lui donne l’empereur ne lui suffit pas. En effet, un gouvernement provisoire et un embryon d’armée ne lui suffisent pas. Ce qu’elle veut, c’est que la Pologne soit rétablie comme nation et comme État. Mais une foule de polonais la courtisent car ils voient en elle la maîtresse influente du moment.

Napoléon de son côté la couvre de cadeaux et lui demande de porter autre chose que du blanc ou du gris. Ce à quoi Marie répond: une polonaise doit porter le deuil de sa patrie. Quand vous la ressusciterez, je ne quitterai plus le rose. En même temps, la jeune femme est à l’entière disposition du maître, et mène une vie de recluse faite de lecture et de tapisserie.

En 1808 elle s’installe à Vienne dans un beau palais, pour se rapprocher de l’empereur. Elle apprend aussi qu’elle est enceinte et elle met au monde un fils au château de Walewice.

De retour à Paris, elle loge dans un magnifique petit hôtel rue de la Victoire et perçoit 10 000 francs de pension. Personne n’est au courant de cette relation exceptés les Polonais. Marie reste seule et ne reçoit que rarement quelques aides de camp. Mais la guerre reprend et Marie ne voit l’empereur que rarement. En effet, les guerres s’enchaînent mais aussi les défaites. Après Waterloo, l’empereur est enfermé à Fontainebleau. Désespéré, épuisé même, il ne prend pas conscience que Marie est venue le voir. Il ne la fera mander qu’après son départ.

Puis elle le rejoint avec son fils en Italie. Toute la cour pense qu’il s’agit de Marie-Louise venue avec le jeune roi de Rome. En effet, on admire le jeune roi sans savoir qu’il s’agit du fils de Marie Waleska. Cette dernière reste en Italie pour s’assurer que les dons que l’empereur lui a fait reviennent bien à son fils. Et en 1815, lorsqu’elle apprend l’arrivée de l’empereur à Paris, elle accourt et reste l’une des femmes les plus assidues à l’Elysées et la Malmaison.

Et puis, l’empereur part en exil à saint Hélène. La mort de son mari depuis 1814 la libère de toute emprise. Aussi épouse-t’elle en 1816 un cousin de l’empereur, le comte d’Ornano, un des plus brillants et des plus fidèles officiers de la Grande Armée. Mais elle profite peu de ce nouveau bonheur. En effet, après un accouchement difficile à Liège, elle revient à Paris où elle s’éteint dans son hôtel de la rue de la Victoire le 15 Décembre 1817.

Marie Walewska un amour de l’empereur.

Véronique Proust