Édouard Vuillard ou le Nabis intimiste. Cet artiste qui rejoint le groupe Nabis en 1891 réalisera de nombreuses scènes d’intérieur où évoluent des figures féminines. D’abord conquis par les aplats synthétiques des Nabis, il crée de grandes compositions d’un nouveau genre impressionniste.

Édouard Vuillard est né en Saône-et-Loire le 11 novembre 1868 dans une famille modeste installée peu après à Paris. La mort prématurée de son père le laisse dans un monde de femmes. En effet, il vit le plus souvent avec sa grand-mère d’abord, puis sa mère avec qui il vivra jusqu’à sa mort. Cette dernière exerçait chez elle le métier de corsetière. Puis, il entre au lycée Condorcet où il suit l’enseignement laïc et anticlérical de Mallarmé et Bergson. Il se lie aussi d’amitié avec Ker-Xavier Roussel, Pierre Hermant et Maurice Denis.

En 1885 il suit l’enseignement du peintre Diogène Maillart et fréquente le Louvre. Ses préférences artistiques le portent vers les peintres de genre comme Vermeer ou Chardin. Sa vocation artistique déplaît à ses parents qui le destinaient comme son frère Alexandre, à une carrière militaire. En 1886 il passe un an à l’académie Julian et est admis à l’Académie des Beaux Arts. Mais il n’abandonne pas la fréquentation du groupe des Nabis que Maurice Denis l’a convaincu de rejoindre. Là, il découvre et partage l’esthétique synthétique libérée des conventions académiques.

Les Nabis tels que Bonnard Valloton ou Maurice Denis affectent les aplats de couleurs chaudes, les arabesques et les recherches subtiles de nuances colorées. Les Nabis cultivent aussi l’absence de perspective et l’amour de l’ estampe japonaise. Le Sommeil de madame Vuillard peint en 1891 illustre cette recherche de synthétisme et d’aplats de couleurs suaves.

Très vite, il s’intéresse presque exclusivement aux scènes d’intérieurs où des figures féminines s’activent à des occupations d’intérieur. C’est le cas en 1892 de Deux femmes sous la lampe ou de A table ou le petit déjeuner. L’influence de la photographie lui permet d’appliquer des cadrages resserrés et de couper le champ de vision pour centrer le regard sur l’essentiel. Il multiplie les touches à la manière des impressionnistes. Par ailleurs, il aime s’attarder sur la texture des tissus, nappe et rideaux, robe et corsage. La toile Femme à la blouse rayée de 1895 l’atteste.

Par ailleurs, il affectionne la littérature contemporaine, les poèmes de Maeterlinck et de Mallarmé. Comme les autres Nabis, ses peintures sont toujours teintées d’une certaine spiritualité.

1900 marque un tournant dans sa carrière. Ses œuvres sont influencées par les paysages impressionnistes de Monet. Par ailleurs, sa production s’étend à l’affiche et au panneau décoratif. Pour le couple Bibesco, il réalise 3 panneaux dont le musée d’Orsay possède L’allée. On y voit dans un paysage aux couleurs impressionnistes une jeune femme élégante se promenant avec son chien. La jeune femme n’est rien d’autre que l’épouse de Jos Hessel son marchand et mécène. Avec elle il a une liaison tapageuse sous les regards indifférents du mari.

A côté de ses panneaux décoratifs, Édouard Vuillard réalise de très belles lithographies dévoilant une technique précise et avancée. Sa série des Paysages d’intérieurs et de rues dévoilent de larges aplats et même des réserves qui allègent considérablement la composition. Il travaille notamment pour les frères Natanson et la Revue Blanche.

Puis il s’oriente davantage sur les portraits de la bourgeoisie parisienne. Il la peint dans son intérieur ou alors avec un cadrage resserré, renouvelant à chaque fois un nouveau genre pictural. Après la mort de sa mère, il vit seul et protégé par les Hessel. C’est eux qui le transporteront malade en 1940 à la Baule où il s’éteindra. L’artiste est enterré au cimetière des Batignolles.