La place de la Concorde. C’est Ange-Jacques Gabriel qui réalisa cette  place en 1748, dans la pure tradition de style classique mis en place par Jules-Hardouin Mansart. Par ailleurs, elle prolonge une autre tradition, celle des places royales construite à la gloire de la Monarchie. Cependant, l’architecte réalise une place non fermée, qui ouvre la perspective sur les Champs-Élysées.

L’idée de construire une place royale à Paris vient de la Ville de Paris qui décide en 1748 d’ériger une statue équestre en l’honneur du roi. La statue réalisée par Edme Bouchardon devait trôner au centre de la place . Le terrain avait l’avantage d’appartenir à la Couronne et Louis XV s’adressera naturellement à son architecte préféré, Ange-Jacques Gabriel.

Ce dernier a alors très peu bâti mais il a hérité d’un savoir-faire familial de trois générations d’architectes. Ce savoir-faire résidait notamment dans le goût de la sobriété classique et l’inventivité. En effet, en 1758, Gabriel, après avoir mûri deux ans son projet, opte pour la création de deux bâtiments sur la partie nord. Il évite ainsi de réaliser une place « fermée » et ostentatoire. Seuls, les 8 guérites surmontées de statues évoquant les grandes villes de France en délimitent les contours. De profonds fossés renforcent ces derniers.

Ainsi, cette dernière s’ouvre largement sur la Seine et répond aux deux autres bâtiments qui lui faisaient face rive gauche. Le premier était l’hôtel de Lassay (actuel ministère des Affaires Étrangères). Le second, qui était alors construit à l’identique, était le palais Bourbon. Ainsi, les deux bâtiments qui ornent la rue Royale répondaient admirablement aux deux bâtiments qui lui faisaient face de l’autre côté de la Seine.

Par ailleurs, les deux bâtiments de Gabriel ont la particularité de ne pas posséder d’avant-corps central, disposition traditionnelle. En effet, l’architecte les a rejeté sur le côté, ce qui met en valeur la colonnade centrale. Pour autant, Gabriel reprend la façade classique imaginée jadis par Jules-Hardouin Mansart. En effet, la colonnade  qui scande le bâti sur deux niveaux rappelle la colonnade du Louvre. Par ailleurs, les combles disparaissent au profit de combles-bas dissimulés par une balustrade ornée de trophées.

Ainsi Gabriel renoue avec la loggia à colonnes corinthiennes qui donne beaucoup de majesté à l’ensemble. Ce type de motif est cher à l’architecte qui le reprendra au château de Compiègne et au Petit Trianon. Son origine vient de la colonnade du Louvre réalisée par Claude Perrault et imaginée par Louis le Vau, premier architecte de Versailles. Ce style monumental est typique de l’architecture monarchique des Bourbons et ne perdurera pas à la génération suivante. En effet,  Soufflot, Victor Louis ou Claude Nicolas Ledoux abandonneront par exemple, les cannelures des colonnes. Pour autant, cette façade majestueuse confère encore à la place de la Concorde une allure pleine d’équilibre et de grâce.

La place n’est achevée qu’en 1772 et la statue équestre de Louis XV fut placée en direction de l’église de la Madeleine. Il faut croire qu’elle symbolisait lourdement le pouvoir royal. Ce qui explique qu’on la déboulonna à la Révolution pour la remplacer par la guillotine. La place royale prit alors le nom de place de la Concorde et l’on plaça en 1836 l’obélisque de Louxor donné par le vice-roi d’Egypte Mehmet Ali.