De Chirico et la peinture métaphysique. Les philosophes allemands ont marqué cet artiste qui peint sur la même toile le temps présent et le passé. En effet, il allie des éléments intemporels, qui, dans leur assemblement,, donnent une idée de l’éternité. Et ce sont de sont des montres, pendules, arcades, tours, train en voyage, bananes, artichauds. On les associe souvent à des statues antiques sans pour autant les accorder. Mais l’assemblage de Chirico leur donne une valeur poétique.

Issu d’une famille grecque qui s’installe ensuite en Italie, de Chirico crée la peinture métaphysique en 1917. En effet, cet artiste allie des éléments du présent et du réel qui n’ont pas de rapport entre eux. Mais leur assemblage inventé par le peintre leur donne une dimension nouvelle, ainsi qu’une grande poésie. Ainsi ses toiles allient des sujets issus de l’Antiquité telles des arcades, statues ou monuments antiques, avec des bananes ou des artichauds.

En 1911 de Chirico est à l’école polytechnique d’Athènes et apprend le dessin et l’art antique. Mais après la mort prématurée du père, ingénieur ferrovière, madame de Chirico décide d’installer ses deux fils à Munich.

Ainsi, Giorgo de Chirico et son frère Andréa (Alberto Salvinio) côtoient l’intelligentzia munichoise des années 1912. Et de Chirico découvre la pensée des philosophes allemands tels que Nietzsche et Shopenhauer. Alors, il en retient la notion du temps, de l’éternel recommencement et de l’intemporalité. Dès lors, ses toiles vont s’en ressentir. Avec des couleurs vives et personnelles, il pose en aplat des objets du réels qui sont des signes. Ce sont des usines ou des locomotives en marches, des places vides et des statues antiques. Dans ses toiles, nul ne sait à quelle époque on est.

Puis, on remarque assez vite son arrivée à Paris en 1911. Apollinaire le distingue aussitôt et le présente à ses amis Breton, Eluard, Picasso et Paul Guillaume qui deviendra son premier marchands d’art.

Voici ce que dit Apollinaire en 1913. « L’art de ce jeune peintre est un art intérieur cérébral qui n’a point de rapport avec celui des peintres qui se sont révélés ces dernières années. Il ne procède ni de Matisse ni de Picasso, il ne vient pas des impressionnistes. Cette originalité est assez nouvelle pour qu’elle mérite d’être signalée. Les sensations très aiguës et très modernes de M. de Chirico prennent d’ordinaire une forme d’architecture. Ce sont des gares ornées d’une horloge, des tours, des statues, de grandes places, désertes. A l’horizon passent des trains de chemin de fer…..

Sa rencontre avec l’avant-garde parisienne va le conduire à connaître la construction cubiste et l’art de Picasso. En effet, cela va l’influencer considérablement dans le reste de sa création. Très vite, les Surréalistes vont le prendre pour leur mentor. André Breton appréciera particulièrement Le cerveau de l’Enfant . Il achètera la toile pour la revendre en 1962 mais dont il en fera un véritable commentaire. Il admirera la description du rapport au temps, à l’espace et à la lecture. Le livre jaune est une référence à la couleur du Mercure de France qui publia les premières traduction de Nietzsche. Et ce philosophe était très admiré par de Chirico.

En 1915 on rappelle l’artiste à ses devoirs militaires à Ferrare sans qu’il aille pour autant sur le front. Il travaille alors et fonde la « peinture métaphysique ». Mais ses personnages sont disloqués, tels des pantins en construction. Sa peinture change. Désormais les toiles qu’il peint à Ferrare ne présentent plus des places sereines mais des des constructions disloquées et resserrées. Puis son art évoluera dans les années 20, vers un style classique et apaisé…

De Chirico et la peinture métaphysique.

Véronique Proust