Abbaye de Sablonceaux visite

LE TEMPS DES MOINES

Au XIIe siècle, la Saintonge n’est pas cultivée. Quelques seigneurs vivent à Saintes mais aussi des marins. A cette époque, le bétail est maigre, les pâturages rares. Il y a des marais avec le sel que l’on vend ce qui permet de produire quelque revenu. Mais au XIIe siècle, des marchands reconnaissent son intérêt économique et se lancent dans la « course au sel » seul moyen de conserver la viande et les poissons.

C’est dans cet univers que naît Geoffroy de Lauroux. Il passe son enfance à Bordeaux puis suit une vie d’ermite entre 1107 et 1130 avec des amis de solitude dans une communauté des Marais de Gironde.

En 1132 il devient évêque de Bordeaux et en tant que primat d’Aquitaine, il réforme le clergé. Mais il s’affronte violemment avec les chanoines de la cathédrale de Bordeaux et s’impose dans la le schisme qui brise l’Église entre le pape de Rome et celui d’Avignon. C’est un ermite radical qui vit avec ses amis dans la plus stricte pauvreté à l’image des Pères du Désert du IVeme siècle en Egypte.

A Sablonceaux fondée en 1136 par Guillaume X d’Aquitaine les moines sont des chanoines, c’est-à-dire des prêtres qui vivent selon la règle de saint Augustin. Au cours de la liturgie ils louent le Seigneur afin qu’il intercède pour le Salut du monde entier. Dans les églises locales ils influent par leur vie spirituelle intense et nourrissent le peuple de Dieu par l’instruction, l’éducation des jeunes et la promotion de la culture humaine.

Ce qui fait la fortune de Sablonceaux est le commerce du sel. L’abbaye possède des terres et des forêts que les moines ont défriché. Mais ce ne sont pas les moines qui font le travail car il sont dévolus à la cause spirituelle. Ce sont les convers. Au XIIe siècle, le dynamisme spirituel et commerçant de la communauté ne fait plus de doutes.

La Guerre de cent Ans puis les guerres de religion affectent toute la région. Les guerres de cent Ans puis de religion affectent ensuite beaucoup la région. L’abbaye résistent aux soubresauts calvinistes. Mais en 1542, la Saintonge se soulève contre le pouvoir royal. Bernard Palissy lui même est potier de la reine et est originaire de Saintonge. Il fournit les meilleures œuvres à la reine mais n’en reste pas moins protestant. Mais les troupes royales sont inconciliables.

La persécution contre les Protestants atteint toute la Saintonge. L’abbaye en fait les frais. Elle est envahie en 1568. L’église est si endommagée que les moines envisagent de construire une palissade en bois. Ils doivent aussi voisiner avec les 40 paroisses qui se sont converties à la Réforme, ce qui les ésseule.. Ainsi pendant 40 années, la Saintonge sera l’un des centres de ravage des guerres de religion.

Au XVIIIe siècle, le dernier soubresaut se sera avec l’abbé Chancelade qui tentera de redonner à l’abbaye un soubresaut de spiritualité. Mais la nomination des abbés « Commendataires » achèveront sa spiritualité.

LE TEMPS DES GUERRES

Dans ce cadre de guerres de religion, l’abbatiale a servi pendant longtemps de paroisse aux catholiques de Saintonge. De plus, l’abbaye avait encore sous l’Ancien Régime u droit de justice qu’elle exerçait jusque dans sa cour où existaient jadis des prisons. On y gère des affaires de paternité, d’adoption, de violence aussi. Les carnets de l’abbaye nous évoquent des procès pour « coups et blessures ». Mais les chanoines de leur côté, sont plutôt là pour prier…

Le portail baroque achevé en 1788 est une des dernières œuvres des abbés commendataires. Avec de bons yeux, on peut apercevoir sur l’écusson de gauche, le mot « Nation » et sur celui de droite le mot « Constitution ». Cela veut dire qu’à la veille de la Révolution, les moines pensaient encore à une cohabitation sereine de l’Église et de la République. Mais ils n’ont pas imaginé deux secondes qu’en 1790, ils seraient expulsés des lieux malproprement avant que l’abbaye soit mise en vente en 1791.

Désormais, le magnifique bâtiment est aux mains des promoteurs qui retirent des pierres taillées pour construire maisons et manoirs dans toute la région. En 1802, l’empereur signe le Concorda. Mais toute une génération qui n’a pas eu d’instruction religieuse ne se sent pas concernée par la reconstruction des abbayes et des églises. Les prêtres du diocèse de Charente-Maritimes se font rares. Il faut attendre 1856 pour que le père Mounier décide de restaurer l’abbaye en ruine.

Ce dernier est soutenu par Prosper Mérimée qui signale ce lieu comme « très endommagé » et propre à être « sauvé et conservé ».. Mais las…Il faut attendre 1905 pour la commune obtienne le classement historique de l’abbaye en tout cas de l’église.

En 1941, les bâtiments conventuels sont finalement vendus à la municipalité par la famille Le Moine en 1912. Faute de crédits pour entretenir un bâtiment voué à la ruine, celle-ci revend l’abbaye (hormis l’église) au docteur Martz. Ce dernier en fera un centre de cures de santé. Cette reconversion inattendue n’empêche pas de nouveaux bâtiments de s’effondrer, dont le logis du prieur vers 1920. En 1925, une parti de la salle capitulaire connaît le même sort5.

LE TEMPS DU RENOUVEAU

En 1912, l’abbaye est vendue au docteur Martz qui en fera un centre de cure de santé. Puis, en 1940, l’abbaye, achetée par la famille Cornardeau, est transformée en orphelinat qui accueille vingt enfants en 1941. Il y en a presque une centaine en 1944. Après la Guerre, l’abbaye accueillera une laiterie, où sera fabrique notamment le camembert « Le vieux porche ».

Mais il faut tout de même restaurer l’abbaye. La famille Conardeau reste propriétaire jusqu’en 1986. Plusieurs acquéreurs se présentent. Aucun, dans l’esprit de l’abbaye. C’est alors que le diocèse de Saintes décide de l’acquérir. La communauté du Chemin Neuf de l’abbaye s’y installe. La prière s’organise autour de plusieurs axes

-la prière avec deux office par jour

-L’accueil des personnes qui cherchent Dieu avec un système d’accueil d ‘hôtellerie