L’art de vivre au XVIIIe siècle. Le musée Carnavalet abrite de nombreux salons meublés par les grands ébénistes parisiens. Certains possèdent des décors boisés ou peints. D’autres accueillent quantité de meubles qui reflètent l’évolution du goût et des mœurs au XVIIIe siècle. Commodes, fauteuils, guéridons, candélabres, porcelaines et cartels en sont les acteurs. Ils nous permettront d’étudier l’art de vivre dans les salons parisiens au Siècle des Lumières.

Les décors intérieurs et le mobilier des hôtels parisiens du XVIIIe siècle, reflètent la richesse mais aussi les codes sociales de l’élite française. Cette dernière est dominée par la noblesse et ceux qui détiennent les charges les plus prestigieuses de la Maison du roi. On y trouve également les hauts dignitaires ecclésiastiques et l’aristocratie qui détient les charges administratives ou militaires les plus élevées. Enfin au début du XVIIIe siècle, les financiers s’imposent dans la société, tels les collecteurs d’impôts et les Fermiers Généraux. Aussi, les revenus des différents acteurs de la société française du XVIIIe siècle se répercutent sur la richesse du mobilier et du décor intérieur.

Par ailleurs, les charges de Cour imposent aux courtisans d’être présents à Versailles et dans les maisons royales. Aussi ont-ils des devoirs de représentation, des habitudes de la vie mondaine et une véritable obligation de tenir son rang. Si la campagne demeure une passion, la province en revanche est une astreinte car elle éloigne de la Cour et de ses spectacles. Aussi l’attention du décor intérieur se porte essentiellement sur les demeures parisiennes et les châteaux proches de la capitale. Tout au long du XVIIIe siècle, les courtisans n’auront de cesse que de modifier et parfaire leur décor intérieur. La Pompadour et  Marie-Antoinette sauront en donner le ton.

En effet, les salons et demeures parisiennes sont des lieux de sociabilité où l’on montre à ses convives la richesse financière. Ainsi les meubles se dotent de marqueterie de bois coûteux, des panneaux de laque ou des plaques de porcelaines. Ils agrémentent des meubles parfois simples mais peuvent atteindre des prix stupéfiants. Les commodes s’ornent de bronze, les lits de soieries luxueuses. On trouve dans les salons quantité de lustres, candélabres, bras de lumière, cartels, reflets d’or qu’augmentent le jeu des miroirs. Enfin les tapis et tapisseries sont là pour relever la note de couleur et de chaleur à l’ensemble.

Mais les meubles sont aussi le reflet de la vie quotidienne du courtisan. Le matin est plutôt réservé à la toilette et au maquillage. On bannit l’eau que l’on considère comme porteuse de maladie et on ne pratique que la toilette sèche. Les cabinets de toilette sont rares. En revanche les tables de toilette avec toute sorte de tiroirs contenant les onguents, les huiles et les poudres, se perfectionnent tout au long du siècle. Le visage largement pommadé et orné de mouches, la femme choisit alors sa robe et la quantité d’accessoires qui vont l’agrémenter. Elle peut aussi recevoir des intimes, écrire du courrier et régler les problèmes domestiques.

La vie sociale ne commence qu’avec le dîner, vers 14h00. C’est le repas mondain par excellence. Les divertissements le suivent, sous forme de jeux de société ou de lectures publiques. Dans ce cadre, les tables en tric-trac, les voyeuses, les chaises en cabriolets se multiplient sous toutes ses formes. Les dames écoutent de la musique ou de la littérature dans des fauteuils amples appelés Marquise. Mais en 1745, ces dernières seront supplantées par les Duchesses. L’assise de ces dernières se prolongent en longueur pour reposer les pieds. Certaines sont même « brisées » et permettent ainsi d’être partagées.

Si l’on joue au tric-trac, on peut jouer à deux alors que d’autres personnes regardent sans jouer. Elles s’asseyent sur des « Voyeuses ». Parfois un ou deux musiciens interprètent les créations récentes de plusieurs artistes. Nombreuses maîtresses de maison ont des « Jour » et reçoivent les beaux esprits. L’après-midi se poursuit dans les spectacles de la Comédie Française ou Italienne. On peut aussi à l’opéra. Le soir venu laisse la place au Souper….

L’art de vivre au XVIIIe siècle. Visite guidée au Musée Carnavalet disponible tous les jours sauf le lundi. Renseignements au 01 42 80 01 54