Joséphine Baker artiste et femme émancipée. Comme beaucoup de femmes émancipées de l’entre Deux-Guerre, Freda Joséphine Mac Donald change de nom pour s’appeler Joséphine Baker. Née en 1906 dans le Missouri, elle vit une enfance précaire. Ce qui la contraint à se marier deux fois, à l’âge de 13 ans puis à 15 ans. Elle doit aussi travailler très tôt pour aider sa mère, ce qui la pousse à quitter rapidement le foyer familial pour vivre sa vie. Elle s’initie d’abord à la danse et rejoint un trio d’artistes de rue, les Jones Family Band. Puis elle part à New York pour tenter sa chance à Broadway. Là,  le directeur artistique du théâtre des Champs-Elysées le remarque.

La voilà donc à Paris en 1925 pour présenter un spectacle exotique au théâtre des Champs-Elysées :la Revue Nègre . Sa revue est étourdissante et elle éblouit par ses talents de chanteuse et de danseuse. 13 danseurs et 12 musiciens africains-américains l’accompagnent sur scène. Elle-même danse avec un pagne de bananes ce qui lui garantira son succès, qui s’inscrit dans la mode dite « nègre » des années 1920.

Par ailleurs, la rencontre de Joséphine Baker avec l’illustrateur Paul Colin va être un heureux coup du destin. D’une part le couple vivra une passion intense. D’autre part leur amitié sera aussi forte que leur collaboration. Paul Colin crée des affiches dynamiques et exotiques et contribue à forger l’image de l’artiste. Par ailleurs, les décors de la revue évoquent les quai du Mississipi, la Louisiane ou une plantation de canne à sucre. Tout un monde exotique qui font le succès de la « jazz band » parmi laquelle figure Sydney Beckett.

Le clou du spectacle est la « danse sauvage » qui apparaît à la fin du spectacle. Et la danse sensuelle de Joséphine sera reprise dans ses affiches. D’emblée l’artiste apparaît comme la femme exotique émancipée et libre de son corps. Dans ce sens, elle est au centre de la modernité parisienne. Elle alimente aussi la joie de la société parisienne à la sortie de la Grande Guerre même si ses spectacles créent le scandale.

En 1937, son mariage avec un riche industriel français, Jean Lion, lui donne la nationalité française. Mais ce mariage ne durera que 14 mois. A la déclaration de la guerre, elle est approchée par un officier du général de Gaulle, qui lui demande de servir la nation française. Dans ce cadre, elle devient espionne au service de la France en passant des microfilms à travers l’Europe et la Méditerranée. A la sortie de la guerre, elle recevra la médaille de la Résistance.

En 1947, Joséphine Baker achète le château de Milandes en Dordogne, qu’elle louait déjà depuis 10 ans. Elle y élève les enfants du monde entier qu’elle adopte. Puis en 1947, elle épouse en grande pompe le chef d’orchestre Jo Bouillon dans la chapelle du château. Le couple élèvera les 12 enfants en ces lieux. C’est sa tribu « arc-en-ciel »

Joséphine continuera une brillante carrière. Mais elle sera victime de discrimination à New York en 1951. Dans son spectacle en Floride, elle exige que la salle soit ouverte aux Noirs au même titre que les Blancs. Elle sera la seule femme à prononcer un discours lors de la marche sur Washington de Martin Luther King en 1963.

En 1969, elle est au bord de la ruine et on l’expulse de son château avec ses douze enfants. Grâce de Monaco l’accueille alors, et lui offre la propriété de Roquebrune Cap-Martin

Elle mourra à Paris après son spectacle de Bobino, à l’âge de 68 ans en 1975. On l’enterrera au cimetière de Monaco aux côtés de son époux. En 2013 Régis Debray propose de la faire entrer au Panthéon, ce qui sera accepté en 2021 par Emmanuel Macron. Néanmoins, le corps de Joséphine est resté à Monaco, à la demande de ses enfants. La plaque déposée au Panthéon n’est qu’un cénotaphe.