La Belle Otero courtisane sulfureuse de la Belle Epoque. Cette belle espagnole a rendu fou princes industriels et monarques par sa beauté et ses frasques. Artiste sur scène et au lit, elle fut aussi passionnée par le jeu. Longtemps richissime, elle mourut dans le plus complet dénuement…

Pour comprendre le personnage de la Belle Otero, il faut évoquer son enfance misérable et deux drames qui la marqueront à jamais. Sa mère est une courtisane qui ne saura lui dire l’identité de son père. Ce dernier meurt prématurément laissant la famille dans une situation précaire. Tina est alors livrée à elle-même et dans dans les rues de sa Galice natale. Violée à 11 ans et demie, elle quitte son village natale en suivant des forains. Elle devient à 13 ans la maîtresse d’un certain Paco qui est aussi son proxénète. Il l’emmène à Barcelone où elle débutera une carrière de danseuse.

A Barcelone Tina se produit dans une danse sans code avec un style qui n’appartient qu’à elle. Elle chante également et elle séduit toute sorte de clients, ouvriers, industriels ou banquiers. L’un d’entre eux la prend sous sa protection, l’emmène à Monte-Carlo et lui apprend la folie du jeu. Elle se fait aussi connaître par ses frasques, sa posture, ses tenues excessives avec des robes couvertes de bijoux. Le Figaro notera les 150 carats de diamants qu’elle porte sur sa poitrine. Elle fréquente l’opéra, rencontre Massenet et Camille Saint-Saëns. Elle tourne la tête d’un grand nombre d’hommes et sera surnommée la « Sirène des suicides ».

Après la faillite du banquier, elle revient à Barcelone, ville lumière, où elle se produit aussi dans les cabarets. Puis elle monte à Paris. Nous sommes en 1889, c’est l’année de l’Exposition Universelle. La ville brille de mille feux, les spectacles sont très éclectiques et ne se limitent pas qu’au théâtre ou l’opéra. Il y a des mimes, des pantomimes, le cancan, les conteurs. Dans cet univers elle rencontre Colette qui tente de la séduire. Elle fait aussi la connaissance de Joseph Oller directeur du Moulin Rouge. Ce dernier la fait travailler d’abord au cirque d’été puis au Moulin Rouge. Il transforme également son surnom de Caroline Castagnette en Caroline Otero.

Elle interprète des mimodrame, des pantomimes. Elle est toujours très spectaculaire et maîtrise parfaitement ses entrées en scène. Actrice, artistes, mais aussi demi-mondaine qui se fera payer très cher. Le milliardaire Max Lebaudy lui donnera 100 000 francs juste pour qu’on la voit à son bras. Le Kaiser lui-même sera éperdument amoureux d’elle, tout comme le roi des Belges qui lui donnera 20 000 francs pour passer une nuit.

Mais derrière ces frasques il y a aussi la femme meurtrie, très digne, qui finira entretenue par une simple pension que lui verse le casino de Monte-Carlo. Elle aura donné son nom à des marques de biscuits ou de savons. L’argent récolté servira à réparer les églises de Galice. Elle rendra de nombreux services financiers à quelques amis et à sa famille qui ne lui rendra jamais. Elle meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 96 ans, dans son modeste appartement situé près de la gare de Nice.

La Belle Otero courtisane sulfureuse de la Belle Epoque