Le musée Van Buuren chef-d’œuvre de l’Art Déco. Cette magnifique maison Bruxelloise est aujourd’hui un musée qui abrite des trésors. Les grands noms belges et hollandais de l’art décoratif des années 20 sont présents. Les Van Buuren ont orchestré l’installation de meubles, lampes et objets d’art dans une atmosphère feutrée, à la demande des Van Buuren.

Dans cette belle avenue chic de Bruxelles, l’avenue Hererra, se dresse la discrète maison en brique des Van Buuren. Les architectes Léon Govaerts et Alexis Van Vaerenberg l’élaborent en 1924, époque de l’Art Décoratif. Ainsi, elle répond aussi aux concepts de l’Art Total de l’École d’Amsterdam. Le style de la maison rappelle aussi celui des villas hollandaises de ce mouvement. En effet, les façades asymétriques recouvertes de brique rouge sont disposées selon un jeu subtil d’alignement. Les Van Buuren vont faire appel à plusieurs décorateurs. Mais David Van Buuren lui-même dessine et conçoit des intérieurs, des meubles, des portes.

Lorsque les Van Buuren construisent la maison, on a déjà disposé l’essentiel des plans. Mais la visite du couple à l’Exposition parisienne des Arts Déco en 1925 l’incite à acheter des œuvres d’art et repenser la maison pour les accueillir.

Aussi, David Van Buuren orne l’entrée d’un magnifique escalier en bois de palissandre du Brésil où lignes géométriques et diagonales dominent. Au centre, un lustre en pâte de verre de Jan Eisenloeffel de l’École d’Amsterdam. Pesant pas moins de 700 kilos, ses motifs colorés rappellent l’art de la Sécession. Par ailleurs, au pied de la rampe, une sculpture de Georges Minne, l’Agenouillé, accueille le visiteur dans une position de grand dépouillement. A l’angle, un souvenir de famille : une horloge du XVIIe siècle. Johannes Duchesnes est l’auteur de cette œuvre exceptionnelle.

Pour la décoration intérieure, ils choisissent plusieurs projet du célèbres cabinet parisien Studio Dominique. En effet, cette institution a fait fureur à l’exposition parisienne au pavillon français. Là, la maison Maison Lunot (tapisseries d’Aubusson) exposait également. Ainsi, deux décorateurs se rendent à Bruxelles, Domin et Genevrière. On s’accorde pour orner le hall de palissandre, la salle à manger d’ébène de Macassar et de bois de palissandre. Jaap Gidding s’occupe d’apporter de beaux tissus brodés à la main, des tapis et des coussins.

Par ailleurs, le spécialiste américain Rudolf Wendel entre 1929 et 1936, a étudié l’éclairage des toiles. Chaque objet dispose d’une place précise. Enfin dans le salon, un cosi-corner dispose d’un canapé et de coussins dessinés par Sonia Delaunay. Au-dessus, David Van Buuren y a disposé un tableau La chute d’Icare de Brueghel. De chaque côté on a disposé deux natures mortes de Fantin-Latour. Au pied du divan on a également prévu un coin pour chien. A côté, deux chenets en bronze égyptisant Esprit de feu de l’artiste belge Dolf Ledel ornent l’âtre de la cheminée. Cette dernière est en marbre du Canada. Au-dessus, une toile, la Marine de nuit de Constant Permeke.

Le musée Van Buuren chef-d’oeuvre de l’Art Déco

D’autres objets d’art meublent ce salon. Par exemple, au sol, un magnifique tapis géométrique de Jaap Liding. Puis, une lampe boule de Felix Aublet (1903-1978). Cet artiste spécialiste en fabrication d’objets métalliques a participé à plusieurs expositions. L’originalité de cette lampe-boule de 1931 est sa mobilité. En effet, sur une boule pivotante fixée sur un socle plat est fixé un tube qui enserre un abat-jour pivotant en demi-sphère.

A l’angle, un piano acheté à Leipzig chez le facteur Julius Blüthner ayant appartenu à Eric Satie, trône, orné d’une magnifique broderie de Jaap Gidding et d’une lampe. Cette dernière, signée de l’artiste belge Gaspard possède un abat-jour en bronze en forme de chapeau chinois. Il est orné de paillettes métalliques sur un fond ocre.

Précédent le grand salon, un salon plus petit, le « salon noir » est aménagé en 1928. Le plafond a été rabaissé pour lui donner une ambiance plus feutrée. Van Buuren a commandé un tapis dont les couleurs devaient s’harmoniser avec le portrait de Van Dongen représentant son épouse. Hélas, des cambrioleurs ont découpé la toile et l’ont volé, avec d’autres tableaux. On a appris plus tard que ce vol aurait permis de financer les attentats terroristes de Paris de 2015.

Pour le décor de la salle à manger, David et Alice van Buuren optent pour le sycomore blanc rythmé par une ligne d’ébène de Macassar.  L’architecte belge Joseph Wynants en signe le décor. Les chaises sont des créations des studio Dominique. On y trouve le grand tapis de laine de Maurice Dufrêne dans des coulueus vives composée de plantes et de fleurs stylisées. Aujourd’hui il est très rare que les pièces décoratives restent encore in situ.

Dans les vitrines, assez basses, on peut admirer des faïences de Delft mais surtout un ensemble de 202 pièces en argent mouluré de Philippe Woolfers.

Au premier étage on trouve le bureau de David Van Buuren. On y trouve un bureau en demi lune, réalisation en noyer du studio Dominique. Un buvard de galuchat orne son centre, œuvre de Maurice galluchat lui-même. Attenant, l’atelier de Van Buren, un buste le représentant ainsi qu’un autoportrait peint et de nombreuses aquarelles.

Le musée Van Buuren chef-d’oeuvre de l’Art Déco

Véronique Proust