Le souper au XVIIIe siècle. Au XVIIIe siècle à Paris, Salons de musique et de jeux est un art codé mais aussi très usité. Nombreuses sont les maîtresses de maison qui ont des « jours » et qui reçoivent les beaux esprits. Ce sont sont des philosophes, des écrivains, mais ils peuvent être aussi magistrats ou administrateurs. On convie ces dernier à des dîners qui ont lieu en début d’après-midi. Mais ces dîners sérieux sont souvent de grands lieux d’échanges et d’informations politiques et commerciales.

En revanche les soupers sont plus informels. Si son nom vient du mot populaire, soupe, le souper gagne ses lettres de noblesse en s’introduisant chez l’aristocratie au XVIIIe siècle. Il peut être protocolaire et ostentatoire mais aussi intime et libertin. Le souper se développe aussi avec l’introduction de la salle à manger dans les palais et les hôtels dès le milieu du siècle. La vaisselle est d’abord une vaisselle d’étain que supplante la faïence au XVIIIe siècle. Cette dernière reprend les formes anciennes mais les accessoires se multiplient. Ainsi apparaissent les saucières, les sucriers, les moutardiers. L’huilier ou le vinaigrier d’abord utilisés pour agrémenter les sauces, deviendront par la suite des objets de décorations.

Après le règne de Louis XIV, le service à la française s’impose dans les bonnes maisons. Les services se succèdent. Ils durent un quart d’heure chacun, avant de faire place au service suivant. Les domestiques se tiennent en retrait, servent à boire ou fournissent couteau ou fourchette manquants. Les premiers services sont essentiellement des terrines et des potages. On les sert dans des pots à oilles en argent. Ils sont de forme ronde ou ovale, et peuvent aussi contenir des ragouts de viande cuits à l’étouffé.

L’assiette qui signifie l’endroit où était « assis » l’invité désigne l’espace qui lui est dévolu. D’abord en étain, elle sont en faïence, jusqu’à la découverte de kaolin à saint Yriex qui verra la généralisation de la porcelaine. Il est toujours de bon ton de servir des vins de Bourgogne, réputés les meilleurs, des Châblis ou des côtés de Beaune.

Si les dîners sont souvent sérieux, les soupers le sont moins. On parle de choses légères et on évite les sujets qui fâchent. On donne une place plus importante au monde de l’art, aux artistes et aux écrivains. Certains viennent lire leurs textes en public, tout comme les musiciens viennent faire découvrir leurs nouvelles partitions. Certaines dames de la bonne société jouent elle-même d’un instrument. Les jeunes filles et quelques jeunes hommes sont formées dès le plus jeune âge. Mais ils appartiennent à une élite dont l’éducation artistique est très soignée.

Après le souper, on joue au trictrac, qui tient son nom du son que font les dés lancés sur le bois, ou aux échecs. Dans le trictrac 12 flèches et 12 trous accueillent deux joueurs. Chacun reçoit 15 dames qui avancent en fonction des nombres figurant sur les dés jetés. Mais il existe aussi des jeux d’adresse comme la paume ou le billard. Vers la fin du siècle, ce jeu est si populaire qu’on compte près de 800 salles ou académies dans la capitale. Les jeux les plus répandus sont les jeux de dé ou le jeu de l’oie. Le jeu le plus funeste est celui qui engage de l’argent. En effet il a ruiné des familles entières. Voltaire lui-même a dû à plusieurs reprises racheter les dettes incommensurables de celle qu’il aimait tant, la marquise du Châtelet.

Avec cette passion pour les jeux de société le mobilier a évolué. On trouve les table en trictrac ou les tables carrées, pratiques pour le jeu de quadrille ou le bridge.

Enfin la sociabilité a ses codes. Les jeunes doivent toujours s’effacer devant les personnes âgées. Si l’on se trouve en présence d’une personne au rang social plus élevé, il est correct de la laisser parler en premier. Enfin devant une personne de qualité, il convient de s’asseoir en face d’elle plutôt qu’à côté d’elle. Il convient aussi d’attirer l’attention d’une personne par le regard et non de lui tirer le manteau. Par ailleurs, pour se dire bonjour, on se tend la joue qu’il convient d’éfleurer. On peut saluer aussi en baissant le regard et marcher sans trainer les pieds