Marlow Moss, femme artiste. Née Marjorie Jewell Moss en 1889, le peintre britannique Marlow Moss apprend d’abord le piano puis la danse. Puis elle étudie à la Slade School of Art. A la mort de son père, son oncle tuteur lui promet les meilleurs professeurs. Mais elle rompt avec sa famille, se coupe les cheveux et adopte un prénom androgyne, Marlow Moss. Elle s’habille en dandy et ne porte que des vêtements masculins. Elle arbore une cravate et des pantalons, tient une cigarette à la main et plaque ses cheveux gominés sur le côté. En 1917 à la mort de son oncle, elle est indépendante financièrement. Scolarisée d’abord à Londres et ensuite en Cornouailles en 1926 elle vient à Paris en 1929 et s’inscrit à l’académie Fernand Léger.

En effet, à cette époque, le meilleur moyen d’apprendre à peindre pour une femme est de fréquenter les académies privées. Elle lit Nietzsche et Rimbaud, admire Van Gogh et Rembrandt. Par ailleurs, elle découvre l’œuvre de Pietr Mondrian avec qui elle correspond entre 1929 et 1938. Elle crée essentiellement des compositions abstraites, reflets  de savants calculs de lignes droites de couleur pure qui s’entrecroisent.

En 1930 elle invente la double ligne (deux lignes droites qui se coupent sur un fond blanc) pour rendre ses compositions plus dynamiques. Cette innovation sera reprise par Mondrian en 1932. C’est ainsi qu’on l’invite à rejoindre l’association parisienne Abstraction-Création. Parfois elle ajoute des lignes de fils peints en blanc puis des cordes pour obtenir des œuvres en relief. En 1935, elle remplace les aplats noirs par des lignes de couleurs, puis par des cordes, et crée des monochromes blancs.

Juive, homosexuelle et britannique, Moss doit fuir les menaces allemandes en 1939. Elle joint les Pays-Bas en 1939 puis la Cornouailles en 1942.

Là, elle rencontre un ingénieur de génie maritime qui lui permet de travailler les structures de métal où elle explore à nouveau les concepts de mathématiques géométriques. Elle se passionne pour les théories de Pythagore qui prouve que l’univers est entièrement formé à partir de principes géométriques. Par ailleurs, elle explore les progrès technologiques, les sciences atomiques. Elle écrira Plus l’artiste est grand, moins nous sommes conscient du type d’homme qu’il est.

Mais les bombardements détruisent la plupart de ses toiles d’avant-guerre, ce qui la conduit à reconstituer plusieurs de ses compositions. En 1951, elle rejoint le groupe Espace et participe à plusieurs expositions. Par la suite, elle tente de se faire reconnaître dans son pays d’origine. Mais elle reçoit un accueil très froid des Britanniques. Ce sentiment d’exclusion dû vraisemblablement à Henry Moore et Victor Passmore se perçoit dans les lettres qu’elle écrit à son amie Paule Vézelay. C’est comme cela qu’elle préféra tisser des liens avec les États-Unis où elle réussit à introduire le style du groupe Espace.

Marlow Moss disparaît en 1958. Elle ne recevra finalement un bon accueil général du public qu’à la faveur du progrès du féminisme.