Les Droits de l’Homme au Panthéon. Missak Manouchian naît en 1906 et perd ses parents qui disparaissent lors du génocide arménien. A 15 ans, il émigre en France et devient ouvrier tourneur dans les usines Citroën à Paris. Dans ce milieu ouvrier, il entre en contact avec des ouvriers communistes. Mais ce qui le préoccupe, c’est la montée du nazisme et les propos des journaux d’extrême droite. Par ailleurs, l’émeute d’extrême-droite du 6 février 1934 le pousse à adhérer au parti communiste. Là, il retrouve des arméniens, mais aussi des portugais, des polonais et des italiens.

Au cours d’un gala du comité de secours pour l’Arménie, il rencontre une jeune arménienne de 22 ans, Mélinée. Elle aussi a perdu ses parents dans le génocide arménien. Par la suite, elle émigre en France, y fait ses études. Puis elle obtient son diplôme de secrétaire.

Le 1er septembre 1939, les Allemands envahissent la Pologne, pays allié de la France. Aussi, la France mobilise son armée. Près de 80 000 étrangers réfugiés se présentent pour être incorporés. Parmi eux, Missak Manouchian. En effet, il fait partie de ses étrangers qui avaient fui leur pays envahi ou acquis au fascisme pour se rendre en France, terre d’accueil. Mais la France perd la guerre et pour ces milliers d’étrangers, la lutte change de dimension

En février 1943 Missak Manouchian rallie les franc-tireurs et partisans de la main-d’oeuvre immigrée qui mène la lutte armée à Paris. Un groupe de communistes clandestins participe avec d’autres réseaux de toute obédience à libérer leur patrie d’accueil. Ses camarades sont des juifs d’Europe centrale et orientale, hongrois, polonais, roumains, espagnols…. S’ajoute nombre d’italiens anti-fasciste et des arméniens comme Manouchian. Et le chef de la section parisienne est un communiste roumain, Boris Holban.

Mais ce dernier sait que la police de Vichy les surveille et propose de diminuer les actions. Le parti communiste refuse et place Manouchian à la tête du groupe à la toute fin juillet 1943. Alors il mène une guérilla urbaine jusqu’à deux ou trois opérations par jour. Ce sont des exécutions ciblées de hautes personnalités. Ce sont aussi des déraillements de trains de permissionnaires ou de marchandises à destination de l’Allemagne. Le coup d’éclat est l’assassinat le 23 septembre 1943 du général SS Julius Ritter responsable des STO.

De son côté, Melinée se charge de veiller au transport des armes sur des sites d’action et surtout de rédiger des rapports sur les actions menées.

Cependant la Brigade des renseignements généraux de la Préfecture de police de Paris file les compagnons de Manouchian. Cette dernière est au service de l’occupant pour pourchasser les étrangers en guerre.

Manouchian est arrêté à l’occasion d’un rendez-vous avec Joseph Epstein le 16 novembre 1943 au terme d’une longue filature que mène la Brigade depuis longtemps, sur ordre de Pétain et de Laval. Mélinée échappe à cette police. On arrête Missak Manouchian et ses camarades et on les livre aux allemands. On juge Missak, et après torture, on le passe en procès le 15 Février. Au cours du procès, Manouchian lance aux journalistes collaborationnistes de la salle : Vous avec hérité la nationalité française, nous l’avons mérité par le sang versé. On le condamne à mort le 18 Février 1944 par le tribunal militaire à la suite d’un procès sommaire avec 22 de ses frères d’armes. Le 21 Février 1944 il est exécuté au Mont Valérien.

Les Nazis accompagneront ce procès d’une campagne sans précédent dénonçant. Ils dénonceront notamment dans des affiches rouges, ce qu’ils appelaient l’armée du crime mené par les juifs, les étrangers et les communistes. 10 ans plus tard ces affiches devinrent le symbole du combat des émigrés pour la libération de la France.

Les Droits de l’homme au Panthéon

Véronique Proust