Thierry de Ville d’Avray Intendant du Le Garde-Meuble .  Il s’installe dans les lieux en 1783 avec son épouse et ses deux enfants. Il est le portrait des fonctionnaires scrupuleux de l’État. En effet, il a été valet de chambre de Louis XVI de 20 ans son cadet. Il s’est toujours distingué comme une personne de confiance au point qu’une relation d’amitié se noue entre les deux hommes. Par ailleurs, sa famille a longtemps été au service domestique de la Monarchie. Mais son rigorisme et son amitié pour le roi l’a éloigné non seulement de ses collaborateurs mais aussi de la noblesse. Cela contribua aussi à entacher l’aura de cette institution.

Les Intendants ne sont pas seuls. Ils sont aidés d’un garde général, de deux inspecteurs, d’un secrétaire et d’un garde des archives. Il y a un médecin, un chirurgien et un aumônier. La plupart habite dans le bâtiments. En tout, près de 100 personnes travaillent en ces lieux, conservent et préservent un patrimoine qui vaut une fortune.

En effet, Pierre Elisabeth de Fontanieu achète beaucoup mais il inventorie tout ce qu’il achète. Par ailleurs, il entretient des liens étroits avec ses fournisseurs. En revanche son successeur, s’il continue le même travail d’archive, mène une politique très austère. En effet, il est hostile et très étranger au monde de l’art et gère l’établissement de façon très différente. Il élimine presque la charge de fournisseurs ce qui lui permet d’économiser leur commission en achetant directement au fournisseur. Par ailleurs il recherche des ébénistes consciencieux et peu connus comme le sculpteur Jean Hauré qui demande des honoraires raisonnables. C’est lui qui réalisera toute une série de chaises pour la reine au château de saint Cloud. C’est Jean-Baptiste Claude Sené qui tourne les sièges. Ce tandem fonctionne très bien. Ils sont garants d’un certain savoir-faire et vont même conseiller l’intendant dans ses choix.

Ainsi, il se sépare de Riesener, qui était la coqueluche du Tout Paris et surtout de Marie-Antoinette. Il réalisait des meubles magnifiques mais il était hors de prix. Il sera très vite remplacé par Beneman, Jacques Bircklé ou François Reuze. Ces ébénistes travaillent dans leur atelier parisien. Ils travaillent aussi avec des tapissiers et des passementiers, qui proposent galons, boulons et franges. Aussi Thierry de Ville d’Avray réalise aussi des tournées en province ce qui lui permet de rencontrer des fournisseurs. Pour exemple, à Marseille qui fabrique des Indiennes, comme à Lyon  ou Nîmes, spécialisée en bas de soie. Il lui arrive aussi de se rendre à Bordeaux et de revenir par Tours.

C’est comme cela qu’arrive sur le marché Georges Jacob. Ce menuisier de chaises fabrique des sièges dont la décoration est très inventive. Inspirée de l’Antiquité, les décors des ceintures et des accoudoirs sont ornés de perles, de frises de rinceaux et d’entrelacs. Ses structures sont dans un bois simple sur lequel il plaque judicieusement du bois noble. Ce qui donne au meuble meilleur effet pour un moindre coût. Ainsi le travail des ébénistes et des menuisiers se complètent à merveille. A Paris, les premiers sont au faubourg Saint Antoine tandis que les seconds se concentrent sur le quartier Bonne Nouvelle .

Thierry de Ville d’Avray Intendant du Garde-Meuble.

Véronique Proust