Philippe-Auguste et Indebruge de Danemark. Cette union malheureuse montre à quel point les mariages de raison entre monarques détériorent considérablement leur bonheur. L’autorité de Philippe-Auguste face au pape, montre aussi que l’autorité de ce dernier a ses limites. Mais celle du roi de France face à la papauté en a aussi.

Après la mort de son épouse, Isabelle de Hainaut, des suites d’une longue maladie, le roi Philippe Auguste se retrouve veuf. Nous sommes en 1190. Puis son fils, le futur Louis VII tombe gravement malade au point qu’on craint pour sa vie. Philippe Auguste songe alors à sa descendance et accepte de se remarier avec la fille du roi du Danemark, Indebruge. Le mariage a lieu assez vite et l’on prépare aussi le couronnement de la nouvelle reine. Mais au cours de la cérémonie, Philippe Auguste est pris d’un doute affreux. Jamais il ne pourra supporter cette jeune femme.

Pour autant, Indebruge est très belle. Et toute la cour loue la jeune fille mais le roi se sent très étranger à cette beauté et encore plus à la langue danoise. Le roi décide alors d’annuler le mariage sur le champ. Commence alors une enquête juridique pour procéder à l’annulation du mariage sous prétexte de consanguinité. De suite, l’enquête révèle qu’un lien de parenté existe au 18ème degré, mais elle est refusée par le cardinal de Champagne. Philippe-Auguste furieux, fait comparaître sa femme dans une sorte de jugement. Et il se garde bien de faire intervenir les interprètes qui auraient intervenu en la faveur d’Indebruge. On déclare finalement le mariage nul. Mais Indebruge se sentant bafouée, décide de faire appel au pape.

De rage, le roi de France traîne sa jeune épouse de tourelles en tourelles, de couvent en couvent. Le pape Célestin III indigné des procédés du roi de France envoie des légats. Philippe Auguste les renvoie avec une telle fermeté qu’ils en restent coi. Mais le pape brandit le spectre de l’excommunication. Alors le roi de France se prépare en silence à un autre mariage: celui qui le rapproche d’Agnès de Méranie, soeur du duc de Moravie. Il est follement amoureux d’elle et la cour avoue admirer sa très grande beauté. Indebruge pendant ce temps se morfonds et envoie à l’Église des chasubles brodés par ses soins. Elle cherche aussi la consolation dans la prière et garde le soutien de l’Église qui la reconnaît comme la seule reine de France.

Pendant ce temps, Philippe-Auguste vit une passion folle avec Agnès. Le couple demeure de Paris à Fontainebleau et accueille les troubadours qui chantent la beauté d’Agnès. Elle est l’envoutante souveraine dont on défend les charmes et les honneurs dans les tournois et dans les duels. Mais Clément III est remplacé par Innocent III qui entend mettre au pas le roi de France en le menaçant d’interdit. Le pape est suivi par un certain nombre de prélats. Philippe les boute au-delà de son royaume en leur confisquant leurs biens. Mais le peuple s’indigne de la colère du roi et les barons s’interrogent.

Là, Agnès rappelle qu’elle a donné deux enfants au roi et pleure sa grossesse difficile. Philippe-Auguste rappelle au pape qu’il ne peut la renvoyer car vu son état, un voyage peut la tuer. On emmène néanmoins la jeune femme dans un château Normand où elle meurt en mettant au monde un fils dénommé Tristan. Philippe, désespéré, vient de perdre la femme de sa vie.

Au final le roi de France reprit son épouse enfermée depuis 1212 au monastère. Le roi vécut avec elle jusqu’à sa mort en 1223 et Indebruge lui survécut 13 ans.

Philippe-Auguste et Indebruge de Danemark.

Véronique Proust