Courbet peintre maudit et révolutionnaire. Ses toiles représentent un monde de paysans et d’ouvriers sur de très grands formats dévolus à la peinture d’histoire. Ses sujets choquent pour leur naturalisme mais aussi parce qu’ils ne tiennent pas compte des critères de l’Académie.

Courbet voit le jour en 1819 a Ornans. Il est le fils d’un propriétaire terrien aisé et l’aîné d’une famille de 4 enfants. Il restera toujours attaché aux siens dont il laissera de nombreux portraits. En effet, à l’âge de 14 ans, la révélation de la peinture vient à lui et il fera tout pour en faire une carrière. Il apprend d’abord les rudiments de l’art librement à l’académie des Beaux-Arts de Besançon. Puis il part à la capitale pour y faire son droit. Mais il abandonne très vite pour se mettre à peindre. Autodidacte, il se forme essentiellement en copiant les maîtres anciens au Louvre.

Il y découvre Rembrandt, Velasquez, Rembrandt Le Caravage Mais il cherche son style. En effet, ses autoportraits des années 1843-45 reflètent une quête de style et de posture. On le voit soit désespéré, soit blessé. A l’évidence, il vit très mal les refus quasi systématiques de ses toiles au Salon. Fort de la leçon des les Romantiques, Courbet cherche avant tout à faire une peinture sincère et réaliste, ce qui le marginalise de l’Académie. Ses sujets présentent des paysans ou des ouvriers, thématique proche de celle de Millet. Mais les cadrages et la matière picturale terreuse donnent à ses sujets un caractère naturaliste et presque matérialiste.

Il faut dire que la carrière de Courbet se développe dans une société ultra bourgeoise qui, à la faveur de l’esprit des romantiques, phantasme beaucoup sur les marginaux. Son autoportrait dit l’homme Blessé 1844-54 le montre couché avec une blessure au cœur et sa signature est couleur de son sang. On voit de suite que l’artiste se positionne en une personne prête à mourir pour son art, à montrer qu’il est incompris par la société. D’emblée la posture de l’artiste maudit sera pour lui une stratégie.

De ce fait, il choisit des sujets qui fâchent aussi bien l’homme avec lui-même qu’avec la société et les peint en grand format. Avec l’enterrement à Ornans il choisit un format dévolu à la grande peinture d’histoire pour représenter une scène sociale triste et morne. Cette image est celle qu’il conçoit de la société. Les femmes qui pleurent, les hommes aux mains caleuses représentent la France d’en bas et sont peints avec des couleurs terreuses.

En effet, il s’agit des magistrats et l’Église, mais aussi le maire, le franc-maçon. Mais qui enterre-l’on dans cette toile, un homme ou la société bourgeoise ?

Courbet peintre maudit et révolutionnaire

Courbet critique ainsi la religiosité, la mauvaise foi, le mépris des paysans et des travailleurs manuels. Il s’impose ainsi comme un homme socialiste marqué par la révolution socaliste de 1848. De suite le public réagit en critiquant la laideur des personnages et des couleurs. Courbet a réussi son coup. Cependant en 1849, avec Une Après-dinée à Ornans il reçoit une médaille de Seconde classe ainsi que l’autorisation d’exposer au Salon. La peinture montre quatre hommes faisant de la musique devant une cheminée dans un univers paysan très réaliste. La composition rappelle, par sa lumière et son cadrage la Vocation de saint Matthieu du Caravage. Mais les dimensions sont de nouveaux celles dévolues à la peinture d’histoire. Les reminiscences du genre hollandais auront sans doute touché le jury.

Très vite il va multiplier les toiles scandaleuses. Pour se poster en chef de file de l’Ecole réaliste, il va systématiquement prendre le contre-pied de l’Académie. Avec ses Baigneuses, il peint une femme exagérément plantureuse, dans un paysage inachevé et fouillis, et rompt avec les canons académiques. En effet, si l’on regarde les femmes sylphides aux chairs de porcelaine d’Ingres, peintre adulé par le public, les canons sont sont absolument inversés. Pour autant le grand collectionneur Alfred Bruyas achète la toile. Et le succès de Courbet est immense à l’étranger, notamment en Allemagne et en Belgique.

Marginal Courbet ? Le peintre a de nombreuses contradictions, peignant tantôt des toiles scandaleuses, tantôt de magnifiques paysages de format classique. Il désire en cela plaire aux amateurs. Un pied dans la société, un autre dans la marginalité. Par exemple en 1870 , il refuse la légion d’Honneur que lui propose le gouvernement socialiste. Mes opinions de citoyens s’opposent à ce que j’accepte une distinction de l’ordre monarchique dira-t’il. Mais ce n’est pas tout à fait vrai puisque la Légion d’Honneur a été instituée par Napoléon, personnage qu’il déteste au point de faire déboulonner la colonne Vendôme.

Ce qu’il veut c’est la gloire du paria. Il sera pour cela condamné à rembourser la reconstruction de la colonne. Cela lui coûta la modique somme de 300 000 Francs ce qui le rendra endetté jusqu’à la fin de sa vie. Poursuivi par l’Etat, il s’exile en Suisse, alors que l’Etat ne cesse de le poursuivre. Il devient alors alcoolique, son pinceau décline et malade. Il meurt en 1876, épuisé, trois ans avant l’amnistie générale, âgé de 58 ans. Loin de son atelier qui sera dispersé après sa mort. Sa seule victoire, il meurt maudit.

Courbet peintre maudit et révolutionnaire..