Fragonard peintre des joies amoureuses et des fêtes galantes. Cet artiste au pinceau rapide a brossé des toiles pleine de vie. On y voit des baigneuses, des couples d’amoureux et de savoureux portraits d’enfants. Plus proche du rococo que du romantisme, il connut un grand succès auprès des collectionneurs. Mais Fragonard n’aura plus d’adepte après a Révolution Française.

Jean-Honoré Fragonard naît en 1732 et apprend très tôt la peinture auprès de Chardin puis de Boucher. Cette formation exceptionnelle lui permettra de progresser rapidement en dessin comme en peinture en plein Siècle des Lumières.

En effet il obtient le Prix de Rome en 1752 et entre à l’école royale dans la classe dirigée par Carl Van Loo. Puis il part à Rome de 1756 à 1761 où il découvre Raphaël et Michel-Ange mais aussi Pierre de Cortone et Tiepolo. Peu sensible à la redécouverte de l’Antiquité, ses goûts le portent plutôt vers le baroque. A son retour il est un peintre confirmé et occupe un atelier au Louvre. Pour autant, il ne cherche par à faire une carrière officielle et travaille essentiellement pour une clientèle d’amateurs d’art.

Ainsi, il peint pour monsieur de Saint Julien « les hasards heureux de l’escarpolette ». Le sujet libertin montre une jeune fille sur une balançoire qu’actionne son époux. Et se sentant observée par son amant, elle jette au loin sa mule au-dessus de sa tête. Découvrant ainsi la cheville et le pied de sa maîtresse, le jeune homme en est bouleversé. Cette toile entérine toute une série de sujets libertins évoquant les jeux d’amour dont raffolent les collectionneurs.

Fragonard peint aussi des « Baigneuses » et réalise de nombreux portraits dans une veine chaleureuse qui rappelle les maîtres hollandais. Puis en 1769, il épouse Marie-Anne Gérard qui lui donne une fille et un garçon, Alexandre Evariste, qui sera aussi peintre. Ainsi la vie familiale lui inspire des scènes de grande fraîcheur. Après un second voyage en Italie, ses toiles deviennent plus lyriques et il réalise des « Fêtes galantes ». Sa toile « La fête à saint Cloud » évoque les plaisirs de la Cour dans un grand paysage verdoyant brossé avec enthousiasme et poésie.

Si la Révolution Française ne l’inquiète pas, les goûts artistiques ont cependant évolué. Même si Diderot a souvent loué ses toiles, le public ne regarde plus ses toiles brillantes et rapidement brossées. En effet, il préfère le style antique et les sujets mythologiques, les sentiments exaltés et les sujets romantiques. Bien que David le nomme membre du Conservatoire des Arts, ses peintures démodées n’intéressent plus personne. Fragonard meurt presque dans l’oubli en 1806. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle pour que les frères les frères Goncourt le réhabilite avec ferveur.