Giovanni Bellini exposition au musée Jacquemart André. Ce grand peintre a libéré la peinture vénitienne de la tradition gothique. En effet, la technique de peinture à l’huile de Da Messine et le goût de l’Antique de Mantegna l’influenceront. C’est ainsi qu’il deviendra le créateur de l’école de peinture vénitienne du Quattrocento .

Né vers 1430 à Venise, Giovanni Bellini se forme à la peinture dans l’atelier de son père. Venise est alors un très grand centre artistique et les commandes affluent. Elles viennent pour la plupart des confréries, des paroisses et des collectionneurs privés. Dans ce cadre, l’émulation artistique est intense dans la cité de la lagune.

En effet, vers 1440, de grands peintres tels que Carpaccio, Antonello da Messine ou Mantegna, s’accordent à émanciper la peinture vénitienne de l’influence byzantine. Aussi, pour remplacer les fonds ors et les raccourcis improbables, ces peintres élaborent des compositions claires dans un espace aéré, baigné de lumière.

Parmi eux, Giovanni Bellini apparait comme l’un des représentants les plus emblématiques. En effet, dans cette recherche de sérénité lumineuse, il est le premier à représenter le sentiment humain et l’âme de la nature. Ainsi, ses visages se baignent d’une douce compassion ou d’une émotion spirituelle de grande intériorité.

Une lumière diaphane et lumineuse dont lui-seul connaît le secret baigne chaque personnage. Les visages de ses personnages ont une sobriété étrange et poétique. Elles le démarquent nettement de ses contemporains. Cela fera de lui le maître de l’école vénitienne du Quattrocentto.

Grâce à son beau-frère Mantegna, fortement marqué par l’Antique, aux formes sculpturales et à la perspective mathématique, il se libère du gothique. Pour cela, il privilégie les ombres douces et les couleurs admirablement fondues, au stricte dessin qui donne la part belle aux contours. Il crée ce qu’on appelle le « tonalisme » grâce à la superposition de plusieurs couches de peintures lumineuses. Mais ce sont les fines couches de couleurs suaves et dégradées qui absorbent le dessin.. Il n’hésite pas aussi à utiliser ses doigts pour diffuser cette suavité.

Dans ses retables, il figure le plus souvent la Vierge, pensive et tendre à la fois. Elle est assise sur un trône et des groupes de saints l’entourent. Le groupes des personnages est souvent placé dans une niche. Son traitement pictural et son rendu de lumière nous donnent l’impression de participer à l’Adoration. Dans ses tableaux de chevalets le plus souvent religieux, il cultive le cadrage serré, la retenue des expressions et les couleurs chaudes.

Conscient que la peinture vénitienne est en perpétuelle évolution, il s’inspire d’Antonello da Messine que la peinture à l’huile flamande influence. Puis il se rapproche de la nouvelle génération que représentent Titien et Giorgione, quitte à former ce dernier. A la fin de sa vie, sa touche plus vibrante est empreinte de modernité. Elle influencera une nouvelle génération de peintres.