Gustave Doré roi de l’illustration sous le Second Empire. Cet artiste prolixe au dessin foisonnant révolutionna l’illustration sous le Second Empire. Ses êtres fantasmagoriques, ses châteaux et fantômes plurent aux Romantiques. Ils renouvelèrent aussi fondamentalement l »iconographie et la technique des illustrations d’ouvrages classiques se la littérature française.

Gustave Doré naît en 1832 à Strasbourg. Artiste précoce avec un penchant pour la caricature, il fournit ses premiers dessins dès l’âge de 5 ans. Il réalise un premier album « les travaux d’Hercule ». Ses parents l’encouragent et le présentent lors de leur passage à Paris en 1847 à Charles Philipon. Et c’est le début d’une collaboration de quelques années au « Journal pour Rire » que dirige ce dernier. Pour autant Gustave est déçu de la transcription que les graveurs de métier font de ses originaux sur bois. Il se montre là aussi précoce, dans cette capacité à reprocher aux hommes expérimentés leur manque de modernité et de précision. Il choisira dès lors ses collaborateurs et les graveurs qui transcriront ses gravures. Par ailleurs il saura se créer un réseau dans les milieux artistiques favorables à sa profession.

En 1849, à la mort de son père, il doit subvenir aux besoins de sa famille et se tourne vers l’illustration des livres classiques à l’usage des éditeurs d’ouvrages anciens. Ainsi, dès 1854 il illustre les œuvres de Rabelais et opte de plus en plus pour les éditions luxueuses aux reproductions soignées. Puis il passe sur des sujets plus graves, tels que l’Enfer de Dante ou la Bible, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo ou le Paradis perdu de Hilton.

Il emploie des planches de buis plus solides et qui favorisent la finesse du travail. Ce support donne aussi des effets que l’on pensait jusqu’alors n’obtenir que par la gravure du métal. Ils permettent des tonalités nocturnes propices à l’univers romantique ce qui sera à l’origine du succès de l’artiste.

Parallèlement, il réalise quelques sculptures à tonalités religieuses. Peu à peu, Gustave Doré déploie son imagination à donner une vie intense aux personnages aussi burlesques que le chat Botté ou l’Ogre de Rabelais. Il dessine aussi les silhouettes pittoresques de Dom Quichotte. Les détails des costumes, des attitudes vont de paire avec le foisonnement des décors de villes médiévales, paradis ou châteaux forts en ruine.

Et ce style plaît beaucoup à une élite artiste et bibliophile. De 1861 à 1866, il réalise les gravures d’illustration de la Divine Comédie de Dante ce qui le couronne d’un vif succès. Par ailleurs, Gustave Doré voyage, en Espagne et en Angleterre. De cette dernière destination, il tirera un ouvrage majeur Londres: un pèlerinage après la guerre de 1870. C’est à partir de cette époque qu’il se distingue comme un artiste engagé. En effet, il évoque la vie sociale des prisonniers ou les conditions des prisonniers pendant la Guerre de 1870

En 1862, il rencontre Sarah Bernhardt et vit avec elle un amour passionné. Ensemble, ils peignent et sculptent. Il a alors 40 ans. Il est riche beau, reconnu, artiste célèbre qui a obtenu la Légion d’Honneur. Les Goncourt voient en lui un être frustre et prétentieux. Mais en réalité il fréquente tous les géants du monde de l’art et est sacré le « roi de l’illustration du Second Empire ». Désolé de n’avoir fait à 33 ans que 100 000 dessins proclamait-il avec panache. Ses démonstrations extravagantes de force physique et ses excès de boisson ne dérangent pas Sarah Bernhardt. Les frasques et l’intérieur surchargé et foisonnant de l’hôtel de la rue Fortuny de Sarah ne dérangent pas non plus Gustave. Ils travaillent même ensemble pour la décoration de l’opéra. Cet amour sera basé sur la communion artistique et la passion pour l’imaginaire.

Mais l’immense travail qu’il aura laissé aura raison de lui. Il meurt d’une crise cardiaque à l’âge de 51 ans laissant derrière lui une oeuvre immense.