La reine Victoria à Paris. En 1855, la reine Victoria et le prince Albert se rendent à Paris à l’occasion de l’Exposition. Il s’agissait de sceller l’amitié franco-anglaise et le renversement d’alliance face à la menace russe. Occasion pour la reine Victoria de montrer son admirable sens politique.

En avril 1855, lorsque Napoléon III rend visite à la reine Victoria, elle lui promet de se rendre à Paris. Quatre mois après s’ouvrait l’Exposition et le petite reine arriva à bord de son yatch à Boulogne le 18 août. L’époque était à l’entente franco-anglaise face à la montée en puissance de la Russie. Aussi les Parisiens l’accueillirent chaleureusement. Près de 800 000 personnes avaient investis les boulevards et les Champs-Elysées pour l’acclamer. En effet, quand elle arriva par la gare de l’Est, on tira des coups de canons pour la saluer. Et c’est dans une calèche qu’on l’amena à saint-Cloud où l’attendait l’impératrice Eugénie.

A cette occasion, Victoria ne cache pas ses liens de parenté avec les Orléans e son désir de visiter les ruines du château de Louis-Philippe à Neuilly. Cette visite émut la petite reine qui portait ce jour-là une robe blanche à volant et de petits escarpins attachés par des rubans noirs. L’impératrice elle-même avait dirigé l’aménagement de ses appartements à saint-Cloud. Et Victoria se trouva très touchée de ses égards, de sa gentillesse mais aussi de sa simplicité. Quant à Napoléon, il apprécie le parfait français de la souveraine britannique.

Le soir, un grand dînéer est organisé. Et la reine, qui n’oublie pas le vrai motif de sa visite à Paris, demande à être à côté du général Canrobert. En effet, il vient de rentrer de Crimée où les troupes françaises et anglaises ont combattu côté à côte contre la Marine impériale russe. La soirée se termine par un concert. Le lendemain, le couple royal visite l’Exposition. Il reçoit ensuite une grande ovation au cour du gala de l’opéra . La reine savoure cet hommage mais elle raille un peu le protocole, quittant en public son chapeau comme si elle était chez elle. Et lors de sa visite au musée du Louvre, elle se fait conduire en chaise roulante.

Le lendemain, la reine souhaite se rendre aux Invalides pour voir le tombeau de l’empereur. Victoria veut-elle faire amende honorable ou rendre hommage à l’empereur? En tout cas, son geste est accueilli diversement. Pour exemple, Jérôme Bonaparte, gouverneur honoraire des Invlides, se fait porter pâle et disparait. Or, ces jours d’août à Paris sont fort chauds et même orageux. Si bien que la visite de la reine est retardée afin qu’elle se rende aux Invalides à la nuit tombée. Les invalides de guerre, la torche à la main, la regardent passer. Et devant le tombeau de l’empereur, la reine demande au prince de Galles, le futur Georges III, de s’agenouiller devant le tombeau du grand Napoléon.

A son retour à Balmoral, la reine ne cessera de dire qu’elle s’est beaucoup amusé au cours de son séjour à Paris. Mais au regard des attentions qu’elle a eu à l’égard de la famille impériale, on ne peut qu’admirer son sens politique. En effet, il n’y a pas si longtemps, l’Angleterre faisait tomber toute la dynastie impériale au traité de Vienne. Il s’agissait donc bien, lors de ce séjour, de valider un véritable renversement d’alliance. Occasion pour la reine de méditer aussi sur la précarité du monde.