Napoléon III et l’impératrice, une journée aux Tuileries. Sous des allures de couple moderne menant une vie simple, le couple impérial imposait une certaine étiquette de Cour. L’emploi du temps était à la fois cadencé et festif. Il reflétait aussi une certaine prospérité française dans les années 1860

Napoléon III n’était pas spécialement beau mais on appréciait beaucoup la douceur de sa voix, parfois hésitante aussi. Mais avec le temps, cette maîtrise de lui le faisait paraître imperturbablement calme. Et ce qui plaisait par-dessus tout, c’était la douceur de ses yeux bleus pâle. Il était calme, prévenant. Le directeur Evans disait que lorsqu’il offrait un cadeau, il le faisait avec une telle délicatesse qu’on aurait pu croire qu’il s’acquittait d’une dette.

Quand il rencontre Eugénie de Montijo, il fut de suite amoureux et lui fit sa cour. Elle aussi était une « parvenue » mais elle avait comme l’empereur, beaucoup de délicatesse. Par ailleurs, elle aimait les fastes, l’éclat des fêtes et le scintillement des lumières. Ils réussirent à maintenir une Cour accueillante, dans laquelle l’étiquette était moins sévères que dans les autres cours européennes.

L’empereur se levait avant 8 heures, déjeunait, se lavait et faisait une promenade à cheval. Puis il se mettait au travail et recevait ses ministres. Au cours de la matinée, il visitait sa femme et son fils, Louis Napoléon. De son côté l’impératrice se levait vers 8 heures et déjeunait. Mais elle accordait beaucoup plus de temps à sa toilette. Elle recevait ensuite les modistes. Elle est sans doute à l’origine de la fortune du couturier Worth.

Puis elle faisait son courrier et partageait le repas de midi avec son époux. Puis elle se promenait avec des dames de compagnie. La plupart du temps, c’était pour visiter des établissements de bienfaisance. Elle revenait pour prendre le thé, broder et même faire des aquarelles Par ailleurs, elle tentait de parfaire sa culture en étudiant des ouvrages de sciences et d’Histoire. Dans ses cabinets et salons, elle affectionnait le rouge et le vert, l’or et les bronzes.

Les repas ne duraient pas longtemps. Le couple impérial prenait le café et l’empereur jouait avec son fils. Puis l’empereur retournait travailler, tandis que l’impératrice accordait des audiences. La personne attendait dans le salon des Huissiers et donnait son carton d’audience. La visiteuse traversait plusieurs salons avant d’être introduite dans le grand salon vert. Le grand salon du château de Compiègne peut donner une idée de ce que pouvait être la décoration des appartements de l’impératrice.

La personne attendue devait faire une révérence sur le seuil, exercice que toutes les dames de la Cour ont répété maintes fois afin d’exceller. L’impératrice de son côté, avait pris soin de se renseigner sur le rang et la requête de la prévenue.

En fin d’après-midi, le couple impérial se promenait comme tout le monde au jardin des Tuileries. L’hiver, ils se rendaient au bois de Boulogne et pratiquaient le patinage, comme tout le monde, sur le lac glacé. Cependant certaines parties de patinage étaient interdites au au public, et la Cour n’y était conviée que sur invitation.

Les repas ordinaires se déroulaient dans le salon Louis XIV des Tuileries La table était admirablement dressée. Puis le couple impérial prenait le café dans un salon attenant. On parlait légèrement de tout et sérieusement de rien. Mais quand l’empereur se retirait, les conversations devenaient plus vives.

Après le Carême l’impératrice organisait des réunions enjouées les lundis. On les appelait « les petits lundis » de l’impératrice. Les grandes réunions avaient plus d’éclat et pouvaient accueillir 3 à 4000 personnes. Les invités gravissaient l’escalier à double révolution gardé toutes les 3 marches par de solides gardiens, sabre au poing. Là ils attendaient les souverains. Et vers 9 heures, le couple impérial faisait son entrée.

Au-dessous, une galerie abritait une estrade avec des fauteuils pour l’empereur et l’impératrice et des tabourets pour les ambassadeurs. Il pouvait y avoir un petit spectacle auquel tout le monde assistait. Puis l’impératrice ouvrait le bal.

Napoléon III et l’impératrice

Ces bals étaient célèbres. La plupart étaient déguisés et les costumes étaient très sophistiqués. Un jour l’un des convives arriva déguisé en domino et annonça à tout le monde que c’était tout de même si simple et si commode ! Il y avait aussi des costumes qui imitaient les grands portraits.

D’autres  arboraient les grands personnages de l’histoire et de la littérature. Quand il n’y avait pas de bal, il y avait aussi des jeux de société, des jeux de papier et des charades.

Cependant lorsque les menaces prussiennes commencèrent à se rapprocher, Napoléon préféra diminuer le budget des fêtes pour le transférer dans l’armement. D’aucun vous diront qu’après sa défaite et son abdication à Sedan, les soirées parisiennes ne furent plus les mêmes.