Munch « Un poème d’amour, de vie et de mort ». Ce peintre norvégien nous a laissé des toiles poignantes mettant en scène la douleur, l’amour, l’incommunicabilité. Autant de sujets modernes qu’il a traité de façon très personnelle.

Edvard Munch fait partie de ses peintres dont l’œuvre est le reflet de sa vie. En effet une série de drames la jalonneront et marqueront à la fois sa palette et son coup de pinceau. Né en 1863 d’une famille de 5 enfants, Edvard voit son enfance gâchée par la tuberculose et la mort. En effet, sa mère décède de cette maladie lorsqu’il a 5 ans. Puis sa sœur et un de ses frères disparaissent à leur tour. Dans ce cadre le tableau « la Mort dans la chambre du Malade» de 1893 et « L’enfant malade » de 1896 montrent bien que son œuvre est indissociable de sa biographie.

Très vite l’artiste va se servir de ses couleurs et de ses crayons pour dessiner la vie dans laquelle la mort est constamment présente. Mais il est aussi dépendant d’une tradition toute norvégienne, le naturalisme. A vrai dire, l’oeuvre du peintre s’inscrit dans une double tradition, celle de la Bohème et de l’Avant-garde et celle du Naturalisme. Ce mouvement est en effet dominant chez les peintres de la Bohème de Kristiana, mais Munch s’intéressera aussi au le symbolisme.

A partir des années 1883 et durant ses années de formation, il restera fidèle à l’atelier de Christian Krohg. Ce dernier est un pédagogue patient qui peint lui-même mais ne s’intéresse pas aux sujets historiques alors à la mode. Ce qui l’attire est le sujet naturaliste, le portraits de personnes simples et inconnues. Il peint la misère humaine avec une certaine empathie et cette peinture parle à Munch.

Dans son autoportrait à la cigarette de 1884, Munch se met en scène. On le voit de façon frontal regardant le spectateur. L’éclairage est un celui d’un théâtre ou d’un cabaret. On sait qu’à Paris il a fréquenté Les Théâtres d’à côté d’André Antoine et à la représentation Des Revenants. Il rencontre aussi Paul Fort.

En 1889, il fait un court séjour en France où il visite le musée du Louvre. Il s’intéresse particulièrement aux toiles de Vélasquez et pense que les grands maîtres du moment sont Thomas Couture et Manet. Il prend aussi conscience que le sujet bourgeois « des femmes qui tricotent » est dépassé.

En 1892, on l’invite à participer à une exposition à Berlin et il présente sa production parisienne. Mais ses œuvres déplaisent fortement pour leur thème qui a trait à l’amour, la mort et le sexe. Le scandale est tel que l’exposition ferme ses portes. Mais ce scandale fait son succès, et Munch acquiert du jour au lendemain une grande renommée. Mais ce qui importe le peintre, c’est de trouver un moyen de représenter la souffrance dans l’art. Ses couleurs deviennent plus pure et plus froide, sa touche sinueuse devient obsédante.

C’est dans ce cadre qu’il peindra la toile « Le Cri » qui restera l’œuvre majeure de sa carrière

En 1894 Munch se tourne vers le symbolisme. Les décors en aplats et les cloisonnés Nabis ou de Paul Gauguin l’attirent. Il devient pour lui fondamental de peindre non pas la réalité et ses apparences, mais la réalité immatérielle des choses. En 1896 à Paris, il fréquente les « mardis » de Mallarmé mais c’est surtout Maeterlinck qui l’influencera. En effet ses toiles ont un sens du théâtre qui se rapproche du théâtre de l’Absurde.

Dans les années 1900, il se met à la photographie qui lui permet de photographier de façon douloureuse les moments de sa vie. Il fréquente aussi les milieux spirites et introduit dans ses toiles des personnages fantomatiques.

Après 1926, il devient en partie aveugle et ses photographies se font plus apaisées. Il continuera cependant à peindre de beaux autoportraits. Il vivra dans sa propriété d’Oslo dans le plus grand dénuement jusqu’à sa mort en 1944.

Visiter l’exposition Munch « Un poème d’amour, de vie et de mort ». Exposition au musée d’Orsay du 20 septembre 2022 au 22 janvier 2023. Rens. 01 42 80 01 54