Sigmund Freud le père de la psychanalyse, d’après l’exposition du musée d’art et d’histoire du judaïsme. Sa formation à Vienne, sa venue à Paris, et sa carrière en Autriche sont au cœur de notre réflexion. C’est avec lui que la neurologie fera des progrès extraordinaires.

LA NEUROLOGIE, UNE SCIENCE ANCIENNE

Vers 1770, Mesmer met mis au point le fameux baquet qui porte son nom. Les personnes qui tiennent les tiges de fer reliées au baquet renouaient avec ce qu’on appelle « le magnétisme animal ». Ce dernier, contenu dans les fluides qui régissent l’univers, peut entraîner une maladie qu’on qualifiera de neurologique s’il est anormalement perçu par l’homme. Mesmer, très mal compris à Vienne, et accusé de charlatanisme, s’installe à Paris, place Vendôme. Mais là aussi, l’Académie des Sciences le critique. Pourtant, il est le pionnier de la pratique de l’hypnose. A sa suite, Charcot l’utilisera pour soigner sa patiente, Blanche Wittmann, et Freud assistera aux fameux mardis du maître de la Salpétriêre. Là, il découvre la médecine expérimentale de la névrose.

CHARCOT ET DARWIN

Freud à Paris découvre aussi le théâtre, les actrices, les lorettes, et observe leurs postures. Les mimiques de Sarah Bernhardt ne sont pas loin de celles de Juliette amoureuse de Roméo, ou la fiancée de Lamermoor. Certaines attitudes convulsionnaires se rapprochent des photographies de femmes baillant avec frénésie, dont les photographies figurent dans le musée de Charcot. Freud se tourne alors vers Darwin et ses études qu’il admire. Ce dernier affirme que l’homme ne descend pas de Dieu et du singe, tout comme Copernic affirmait jadis que la Terre n’est pas le centre de l’Univers.

Freud établit alors un parallèle entre la vie mentale de l’Enfant et celle des primitifs. Il suppose par exemple que l’humanité a éprouvé l’angoisse du réel pendant la période glaciaire et est devenue anxieuse. En 1930, dans Malaise de la civilisation il fera un parallèle entre la régression nécrotique et l’évolution de l’humanité. Bientôt il transformera l’art de l’hypnose en psychanalyse.

LES MYTHES

Freud fera toujours référence aux mythes dans la quête des mystères de l’humanité. La Méduse a la tête coupée devient le symbole du principe de la castration. Œdipe deviendra celui du désir inconscient d’entretenir un rapport sexuel avec son parent. Il travaillera alors sur les différents stades de la libido pour établir une étude de la personnalité. Il admettra finalement que le mythe d’Eros qu’il pensait être une pulsion de vie, est plutôt une « pulsion de mort ». Tel Charcot, le maître possédait un musée. Des objets antiques glanés ça et là à une époque où l’archéologie était en pleine expansion, constituent sa collection. Mais ils envahissent son bureau.

DES MEUBLES ET UN CABINET

En effet les nombreuses statuettes qui garnissent son bureau lui servent d’image à penser pour établir des corrélations, des liens entre les concepts qui gèrent notre humanité et notre inconscient. Tel Charcot il a aussi son musée. Il possède aussi un fauteuil réalisé spécialement pour lui par le designer Felix Augenfeld. Dans son cabinet où la porte est doublée d’une cloison de velours et d’où le patient sort par une porte dérobée, il reçoit tout le Tout-Vienne. Un divan que lui a offert une patiente en 1890 est recouvert d’un tapis kilim. Il accueillera pendant 40 ans de nombreux patients, et la façon dont il l’a utilisé et agencé en fera un meuble emblématique.

LE REFUGE A LONDRES

Freud se doutait bien que la science de la psychanalyse se rapprochait de l’étude Talmudique. C’est pourquoi il a toujours tenu ses distances avec le judaïsme pour marquer le caractère scientifique de ses travaux. Et pourtant, au soir de sa vie, il se penchera sur la figure de Moïse et du monothéisme. Le père de la psychanalyse aura de nombreux détracteurs, et il a passé sa vie à les combattre. Pour autant, il aura des amis tel Arthur Schnitzler qu’il admire pour la description pathologique de ses héros.

Dans ses sociétés du mercredi, il accueille aussi des femmes. Parmi elles, Lou Andréa Salomé qui exercera sur lui un ascendant profond dans ses recherches. Enfin, il aura des disciples, des fils adoptifs presque. Ce sera le cas de Young, Otto Ranch et surtout Sandor Ferensci. Cependant, la politique allemande à l’égard des juifs le pousse à émigrer à Londres en 1838 où il mourra un an après.