Van Dongen au Bateau-Lavoir. L’artiste hollandais a fréquentent le Bateau-Lavoir et les peintres de Montmartre dès 1897. Son arrivée à Paris  lui permet de changer son style et sa voie. Ainsi, les toiles qu’il exécute à Montmartre le dévoilent. En 1906 il loue un atelier au Bateau Lavoir sans déménager de son logement de l’impasse Girardon. Il fait la connaissance de Picasso dont il devient l’ami. La compagne de Picasso, Fernande Olivier deviendra son modèle….

Van Dongen a grandi en Hollande en admirant Rembrandt. Mais sa soif de modernité et de liberté le conduit à Paris, comme Van Gogh. En effet il y rencontre les anarchistes de Montmartre avec qui il sympathise. Puis, il fréquente Picasso qui l’impressionne particulièrement. Ce dernier partage avec lui et sa maîtresse Fernande Olivier, un atelier au Bateau-Lavoir. Et Picasso le surnomme le Gropotine du Bateau-Lavoir.

Cet artiste anarchiste n’a qu’une idée, fuir les Pays-Bas puritain et venir en France. Comme Pissaro autrefois, il sait que Paris n’est pas réfractaire aux idées anarchistes. Mais ses premiers jours dans la capitale sont difficiles. Puis il vit de petits boulots, et arrondit les fins de mois en vendant des portraits exposés sur le trottoir. Les toiles suivantes montrent que sa venue à Paris lui révèlent de nouvelles inspirations. En effet, on y voit des trapézistes du cirque Medrano, des danseuses, des clowns. Et ses dessins sont pourvus d’une matière colorée, sans concession.

La découverte des toiles de Monet l’amène à envisager la couleur autrement. Aussi ses toiles se radoucissent et se font plus poétiques. Ses vues du Sacré Coeur dans la brume ne sont pas sans rappeler les toiles de Monet du parlement de Londres.  Puis ce sont les femmes de Pigalle, les danseurs et surtout les artistes du cirque Médrano. Il connaît bien ces derniers puisqu’il dort avec eux dans une roulotte place de Clichy avant de louer le Bateau-Lavoir. Une fois de plus c’est à la couleur pure qu’il revient avec ses scènes de cabaret. Van Dongen peint aussi les ravages de l’alcool. Une femme s’est laissée prendre par l’absinthe et, tombé à terre, croit voir un démon sortir d’un chapeau.

La longue série des lithographies que l’exposition nous dévoile révèle son goût pour les sujets Montmartrois. On y voit ses amis du Lapin Agile, des peintres et des poètes assis à une terrasse de café. D’autres toiles nous montrent l’influence de Lautrec ou même de Van Gogh.

Les plus belles toiles de cette époque sont des portraits comme celui de Fernande et de la Belle espagnole. Ces portraits nous montrent des femmes aux couleurs vives dont les bouches très rouges et les yeux en amande deviendront la marque de fabrique du peintre. Elles sont aussi un un tourment majeur dans la carrière de l’artiste, car elles dévoilent sa prise d’indépendance sur Picasso. Les Boxeuses, groupe de femmes nues qui nous regardent dans un univers monochrome rose, sont un dernier écho écho aux Demoiselles d’Avignon. Non ! Van Dongen ne sera pas cubiste, il sera Fauve.