Visite des salons de l’Arsenal: les cabinets de l’appartement de la maréchale de la Meilleraye demeurent l’un des rares décors parisiens du XVIIe siècle, avec ses boiseries Louis XIII et son cabinet des femmes fortes de l’histoire. Un petit bijou à ne pas rater.

Depuis la fin du règne de Catherine de Médicis, les Français n’ont guère eu le temps de se préoccuper de leurs décors intérieurs. Les guerres de religions ont accaparé les pensées des propriétaires et des mécènes. De plus, les artistes ont déserté la capitale. Quant aux financiers, ils attendent leur heure pour investir dans l’immobilier et le décor de leur demeure. L’occasion leur est donné par Henri IV, qui les autorise à constituer une grande île, la future île saint Louis. Là ils achètent des lots de terrains et bâtissent de beaux h$otels. L’hôtel Groüyn Desbordes (le futur hôtel de Lauzun) et l’hôtel Lambert voient ainsi le jour.

Puis, de l’autre côté de la Seine, à l’Arsenal où l’on fabrique la poudre à canon, l’hôtel du maréchal de la Meilleraye leur fait face. Le maréchal a gagné ses galons pendant la guerre de Trente ans et doit tenir son rang. Par ailleurs, son poste militaire l’oblige à rester près de l’artillerie située près de la Bastille. Pour autant, il laisse sa jeune épouse Marie de Cossé-Brissac, le soin de s’illustrer dans le mécénat artistique. Aussi fait-elle décorer ses appartements dans le goût qui lui convient. La jeune femme est fine et lettrée. Elle entend imiter à sa manière les studiolos de la Renaissance italienne. Aussi fait-elle orner les murs de sa chambre et de son cabinet de fines boiseries.

Et c’est ce qui fait la spécificité de ces salons boisés. Un bas-lambris décoré de figures d’oiseaux émergeant d’un fond or orne le salon. Et dans la chambre, on peut admirer les représentations gracieuses des villes conquises par le maréchal. A ces dernières s’ajoutent un troisième registre de grands panneaux peints sur fonds or, représentant des personnages juchés sur de fins piédestaux. Ils sont entourés de rinceaux de feuillages et de fleurs.

Ces boiseries exceptionnelles sans doute réalisées vers 1638, ouvrent la voie à un ensemble de décors parisiens que l’on retrouvera dans les hôtels de Lauzun et Lambert. On les retrouve aussi dans quelques cabinets de province et dans d’autres lieux aujourd’hui disparus. Ils témoignent d’un goût nouveau pour les décors muraux qui rivalisent avec les tapisseries des châteaux de la Loire.

Le second trésor de cet hôtel de l’Arsenal est le cabinet des « Femmes fortes ». En effet, les boiseries sont ornées de tableaux représentant les « femmes fortes de l’histoire », telles que Jeanne d’Arc ou Bérénice. Elles évoquent un regard nouveau sur le rôle de la femme dans la société et se font le reflet des souveraines qui assurent la Régence, telle que Marie de Médicis.

De plus, elles sont aussi le reflet des femmes qui tiennent des salons littéraires comme madame de Scudéry ou la marquise de Rambouillet.  Marie de Cossé Brissac est érudite et connaît les ouvrages littéraires qui font alors un rapprochement entre le courage des femmes du passé, et celles qui tiennent le haut du pavé dans la société pré-Versaillaise. La découverte de cet hôtel rarement ouvert au public sera une révélation.

Visite des salons de l’Arsenal: Pas de visite prévue pour le moment. Renseignemments 0142800154

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