Julie Manet la mémoire impressionniste. Cette exposition parle bien de mémoire, celle d’une femme qui aura passé sa vie à faire connaître l’oeuvre de sa mère, Berthe Morisot. Ainsi l’exposition a voulu évoquer les 66 années durant lesquelles Julie a collectionné et donné des toiles aux grands musées. Ce fut sa façon à elle de faire entrer sa mère dans les musées et de la faire connaître aux yeux du monde. Nous découvrirons des toiles de Berthe Morisot, Manet, Degas, Julie Manet, Ernest Rouard, Maurice Denis, Corot, Joncking etc…

Née en 1878, Julie Manet est la fille d’Eugène Manet et Berthe Morisot. La petite Julie naît de la peinture et évolue dans l’art puisque sa mère tient un salon artistique à Meudon. En effet, elle est la fille d’Eugène Manet et Berthe Morisot. Son oncle est Edouard Manet, le grand peintre de la modernité. Son tuteur est le poète Stéphane Mallarmé. Sa cousine épousera Paul Valery. Et son père Eugène, bien que de santé fragile est aussi peintre mais aussi collectionneur.

Il va sans dire que l’on évolue dans un monde bourgeois, presque rentier. La famille Manet et Rouart, liés par alliance, vivent dans un immeuble de famille dans le XVIe arrondissement. Julie reçoit une éducation soignée. En effet, elle pratique le violon, la peinture, l’aquarelle et apprend même l’anglais. Dès son plus jeune âge elle sert de modèle à sa mère. En effet, Berthe Morisot réalise des scènes intimes et familiale où elle présente sa fille à tous les âges jouant dans le jardin ou dans leur appartement.

Berthe utilise toutes les techniques, le plus souvent l’huile, mais aussi le crayon, le fusain, le pastel. Sa technique montre son rapport étroit avec les impressionnistes et les peintres de la modernité. Mais elle se différencie d’eux en ce sens qu’elle ne peint presque exclusivement que des scènes familiales, qui tiennent d’un domaine privé et essentiellement féminin. Aussi l’apprentissage de l’art pour sa fille Julie passe d’abord par l’expérience du modèle. Julie et sa mère ont un rapport très tendre. Si bien qu’à la mort de Berthe en 1895, Julie se retrouve seule. En effet, ses dernières années ont vu la disparition de son oncle Edouard, puis de son père, ce qui fait d’elle la dernière des Manet.

Un conseil de famille décide de l’installer dans l’appartement avec ses deux cousines, Julie et Jeannie. Stéphane Mallarmé son tuteur, l’encourage en tout point sur les dons qu’elle possède. Ce sera la seconde vie de Julie. C’est à cette époque qu’elle entame un journal. Elle y raconte sa vie familiale et artistique et son adolescence avec ses deux cousines Julie et Jeannie. Ce journal ainsi que des actes notariés et administratifs ont fait l’objet de recherches fouillées qui ont permis de connaître cette période de sa vie.

Mais il faut marier ces « petites Morisot » comme on les appelle. Mallarmé soufflera le nom de Paul Valéry pour Jeannie Gobillard. Et Julie épousera Ernest Rouart.

L’annonce des fiançailles est faite en 1899. Julie cesse d’écrire son journal comme le veut la tradition et elle épouse Ernest en 1900. Ce dernier hérite de ses aïeuls d’une fortune qui lui permet d’être rentier. Il est surtout peintre, collectionneur et a toujours soutenu le mouvement impressionniste. Il va sans dire que le mariage est heureux, le couple est même fusionnel. En effet Julie et Ernest ont en commun un grand amour de l’art et ils vont constituer une collection. Cette dernière sera faite d’achats de peintures XVIIIe et XIXe siècle ainsi que des tableaux impressionnistes. Ce sera la troisième vie de Julie.

Enfin, Julie s’évertuera à faire connaître l’œuvre de sa mère en publiant des catalogues. Elle proposera aussi de donner des toiles aux musées de France, toiles qu’elle défendra farouchement auprès d’eux. En effet, il n’est pas d’œuvres de Berthe Morisot qui n’aient pas fait l’objet de tractations acharnées entre Julie et les musées. Aujourd’hui l’artiste est connue dans le monde entier. Julie a gagné son pari.

 Julie Manet la mémoire impressionniste.