Face au soleil, un astre dans les arts. Visite de l’exposition au musée Marmottan du 14 septembre 2022 au 29 janvier 2023. Le musée Marmottan fête ainsi le 150ème anniversaire de la création du tableau fondateur de l’impressionnisme « Impression soleil Levant ». Le musée Barberini de Postdam qui possède le pendant du tableau « Le port du Havre, effet de nuit » s’associe à l’exposition. Elle s’attachera à montrer la représentation du soleil dans l’art de l’Antiquité à nos jours.

Dès la Préhistoire, l’homme a représenté le soleil sous toutes les formes, gravures sur pierre, installations mégalithiques, gravures ou peintures. Mais il ne l’a pas toujours fait pour les mêmes raisons. Sous la Préhistoire et l’Antiquité, sa représentation est clairement religieuse. En effet, le soleil est celui qui apporte l’équilibre agricole propre à faire pousser les céréales. L’exemple le plus flagrant est en Égypte. En effet le culte du soleil surnommé Rê prend une ampleur immense aussi bien dans les cérémonies que dans sa représentation.

Toujours en Égypte, le soleil est un cercle parfait de couleur orangée qui surmonte la tête d’Horus. En Mésopotamie, le dieu soleil Shamash est associé à la justice. En effet, il expose en pleine lumière le mal et l’injustice. Enfin, en Inde, c’est le dieu Mitra qui symbolisait la perfection de la lumière solaire. Les Mayas aussi adoraient le soleil et l’observaient soigneusement. Dans le taoïsme, le soleil est le principe masculin qui s’oppose à la lune, principe féminin. En Grèce le dieu Hélios fendait le ciel d’est en ouest sur son char, comme le prophète Elie dans le monde chrétien.

Et par la suite, la doctrine chrétienne s’est approprié le symbole de la lumière cosmique faisant du Christ le « soleil véritable » ou « le soleil de justice ». Ainsi dans les tympans romans et gothiques, le Christ en croix est figuré entre la lune et le soleil.

Par la suite et toujours dans la tradition chrétienne, les rayons du soleil sont associés à la lumière divine. Ainsi, le Christ monte au ciel dans une lumière solaire. Puis l’Esprit Saint arrive sur la tête des apôtres par des rayons lumineux. Enfin, au XVIIe siècle, Louis XIV prend la devise « au-dessus du reste des hommes ». Ainsi, il est l’étoile centrale autour de laquelle gravitent les autres planètes. Il est « le Roi Soleil ».

Lorsque les artistes vont peindre tout autre chose que des sujets religieux, ils vont s’intéresser au rôle de la lumière dans la définition des formes. Claude Gelée le Lorrain peindra des levers et couchers de soleil afin de représenter les vibrations des changements d’atmosphère. Dans sa toile Port de mer au soleil couchant, les personnages du premier plan ainsi que les coque des navires sont en contre-jour.

Mais ce parti pris pictural ne sert rien d’autre que le sujet principal du tableau: le soleil. A partir de là, les peintres oseront regarder le soleil en face. C’est le cas au XIXe siècle de Turner. En effet, l’artiste britannique s’intéressera surtout à l’effet météorologique et aux lumières atmosphériques qu’il génère.

En France, Pissaro peints les effets du soleil sur les champs. Dans soleil couchant à Eragny il montre à la perfection les effets de la lumière rasante sur la campagne. Ces rayons lumineux du soleil s’invitent dans les arbres fruitiers et les peupliers. Son passage dans le groupe des néo-impressionnistes de Seurat lui a permis de se familiariser avec le pointillisme. Ainsi de petits points colorés dessinent le halo de lumière qui entoure le soleil.

Par ailleurs, Monet parti à Londres en 1870, découvre les toiles de Turner qui le fascinent. Dès lors, il étudiera les effets de la lumière du soleil sur les contours de ses sujets, les ports, les meules, les cours d’eau. Mais sa fascination pour le soleil atteindra son paroxysme dans Impression soleil levant. Là, il peint le soleil levant, tel un disque incandescent et ses reflets sur l’eau d’un port noyé dans la brume. Signac, de son côté, reprendra l’effet de contre-jour utilisé par Claude Gelée pour peindre le contour d’une voile de bateau, irradiée par la lumière du soleil.

Face au soleil, un astre dans les arts. Visite de l’ exposition au musée Marmottan du 14 septembre 2022 au 29 janvier 2023. Renseignements au 01 42 80 01 54

Véronique Proust