La marquise de Rambouillet et son salon littéraire. Catherine de Vivonne instaura au XVIIe siècle les salons littéraires en invitant chez elle les esprits de l’époque. Voiture, Corneille, Chapelain, Boileau ou Molière. Par l’esprit de la conversation, elle contribue à faire évoluer la langue française et à l’épurer.

A la fin du règne d’Henri IV, les habitudes de la cour sont devenu assez rustres. Les dames qui ne supportent plus les attitudes cavalières d’une cour de soldats. Aussi décident-elles de reprendre la main sur la conversation galante. Ainsi, elle organisent dans leur maison parisienne des bureaux d’esprit.On les appelle les les Précieuses du Marais.

La première de ces coteries est crée en 1605 par la vicomtesse des Loges, suivie de peu par Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet. C’est elle qui créera le modèle de ce qu’on appellera au XIXe siècle le salon littéraire. Cette femme raffinée reçoit dès 1608 dans sa chambre qu’elle a tendu de bleu, et attire les beaux esprits. Ainsi, Chapelain, Ménage, Boileau ou Molière riment à tout va, disputent quelques alexandrins à Corneille. Malherbe arbitre. Il affine même le prestige littéraire de la maîtresse de maison, en jouant sur les lettres de son prénom : Catherine deviendra désormais Arthénice. Ce prénom de personnage de roman ou de diva parisienne se déclinera en d’autres pseudonymes tels Rozelinde, Doralise ou Felicianne derrière qui se cachent madame de Sévigné, madame de La Fayette ou Madeleine de Scudery .

La réussite de ces réunions ne tient pas qu’à la supériorité des esprits qui les fréquentent. Il est aussi le résultat d’une mise en scène organisée par la maîtresse de maison. Catherine de Vivonne transforme son hôtel rue saint Thomas-du-Louvre. Elle invente un appartement conçu comme une enfilade de pièces où les écrivains se déplacent d’une pièce à l’autre en distillant quelques mots aimables ou piquants. Le cénacle en est la chambre bleue, où Catherine a disposé autour de son lit quelques ployants et fauteuils. Ici la conversation se précise et s’affine et peut aussi laisser libre cours à la galanterie. Arthénice est brillante et innocente en même temps. Elle ne sait pas qu’elle anime des passions. Voiture en fait l’amer constat en disant qu’il n’est pas de femme qui ait si bien entendu la galanterie et si mal les galants.

Les nombreuses analyses réalisées sur la la marquise s’accordent à dire qu’elle a joué un rôle indéniable sur la littérature française. En invitant les académiciens, elles leur permet de débattre dans son salon des mots que l’on doit supprimer de la langue ou de ceux qu’on doit remplacer. Richelieu l’aura bien compris et, persuadé que si l’on doit dominer un pays on doit aussi dominer sa langue, offre aux compères de les protéger. Ainsi est née l’Académie Française.

La société de l’hôtel de Rambouillet écrit des vers mais se divertit aussi. Elle dîne le midi et soupe le soir. Elle invente des charades et fait aussi des farces. Entre deux madrigaux écrits sur le coin d’une table et lus ensuite en public, on écoute quelques airs chantés et accompagnés d’un luth. Mais le temps passe et la Fronde éclate en 1648. Les opinions se divisent et le salon s’effrite.

Littérature, galanterie, divertissements et politique, tel sont donc les ingrédients de cette société littéraire. Catherine de Vivonne a ouvert la boite de Pandore et inventé une nouvelle sociabilité qui s’ancrera durablement dans la capitale.