Madeleine de Scudery Précieuse et écrivaine au Marais. Cette jeune femme a tenu un salon fréquenté par Voiture, Pelisson, la Rochefoucaud dans sa maison de la rue de Beauce. Elle est aussi l’auteure du Grand Cyrus, un ouvrage en dix volumes sans le plus long roman de la littérature française. C’est aussi dans son salon que s’est élaboré la carte du Tendre” qui définit le chemin à prendre pour découvrir l’amour précieux

Né au Havre en 1607, Madeleine de Scudery connaît une passion précoce pour la littérature et les arts. Vers 1648, elle suit son frère Georges à Paris afin de trouver un emploi à la Cour. Mais il s’avère que les deux jeunes gens préfèrent s’entourer d’écrivains et d’hommes de lettres. Madeleine se met à tenir un salon rue de Beauce fréquenté par La Rochefoucaud, Voiture et Pelisson. Une véritable petite société se constitue. On y fait des charades, on dit des vers, e le ton est galant. Madeleine entend par là réformer le discours amoureux et le comportement des hommes auprès des femmes.

Parallèlement Madeleine écrit Le Grand Cyrus un des romans es plus longs de la littérature française. Il s’agit d’histoire d’amour et d’aventures inspiré de l’Antiquité. Mais les personnages qui évoluent sont le reflet de sa société et de leurs mœurs.

Madeleine et ses amis entendent épurer la langue française mais aussi lui donner un sens plus poétique. Aussi n’hésitent-ils pas à employer la métaphore.

-Etes-vous allé récemment chez la belle Ninon  ?

-Ho oui, elle garde autour d’elle une foule d’alcôvistes (des galants) et n’a point de diseuses d’inutilité, exceptée quelques diseuses de ne pas vraies (menteuses). Elle refuse sa porte aux inquiets (hommes d’affaires) mais l’ouvre à quelques vieilles roches (la noblesse).

Cette petite société se réunit tous les samedis. Il y a un ordre du jour avec un procès-verbal et une chronique, un secrétaire note le nom des participants et les mots piquants. Enfin Valentin Conrart est nommé conservateur des archives.

Quelques fois des professeurs en art de plaire s’invitent dans cette société pour enseigner comment écrire un billet, ou comment résister à l’emportement.

Chez Madeleine de Scudéry on écrit des madrigaux mais on aime cultiver le masque en se donnant des noms. Ainsi, Madeleine devient Sapho et sera longtemps courtisée en secret par Pelisson sous ce nom.

Des académiciens comme Chapelain, Ménage, Conrart viennent tous les samedis pour y manier la langue française avec grâce et élégance. Madame de La Fayette et la marquise de Sévigné se joignent à eux. Conrart devenu Théodamas écrit des billets doux à Sapho et se bat à coup de plumes avec Pelisson.

Des nuances de ces sentiments naîtra la Carte de Tendre réalisée un après-midi d’hiver. On y voit 3 villes desservies par un fleuve et deux rivières, appelées respectivement Tendre sur Estime, Tendre sur Reconnaissance et Tendre sur Inclination. Trois villes du Tendre et trois routes pour s’y rendre, voilà les chemins de la tendresse dessinées par Madeleine et ses amies, les Les Précieuses du Marais. 

C’est aussi un chemin que les Précieuses proposent aux hommes pour accéder à leurs faveurs. Mais attention, si l’on quitte la route du Tendre, on se dirige vers le lac d’Indifférence ou vers le village Négligence. Impossible donc d’échapper aux griffes de l’amour. Pourtant madame de la Fayette reconnaît que l’amour est un péril. Si elle fait paraître la carte dans son ouvrage Clélie, elle avouera que l’amour est une joie incommode. Son héroïne, la princesse de Clèves s’éprend au premier regard du duc de Nemours. Mais cet amour est impossible car elle est mariée à un homme qu’elle n’aime pas. Le mariage est bien une tyrannie et l’amour une folie….

Madeleine de Scudery, précieuse et écrivaine  du Marais.