La Nativité dans l’art conférence. De Giotto à Pierro della Francesca, de Botticelli à Georges de la Tour, nous analyserons les représentations de la Nativité dans l’art. Nous découvrirons que ce thème à la fois intime et grave a été traité sous de nombreuses formes à travers les temps. A la Renaissance, la recherche de l’espace est au centre des recherches. Mais après la Réforme, le mystère de la Passion s’invite. Ainsi le Greco recherche une lumière intime. Alors que Rubens inventera une mise en scène théâtrale.

La Nativité est l’un des thèmes fondamentaux de la peinture du haut Moyen-Age à la Renaissance. En effet le principal commanditaire est l’Église. Par ailleurs ce thème est aussi un support de dévotion privé sur le mystère de la vie et l’image de la femme. En effet, les Nativités ont donné naissance à de magnifiques portraits de femmes souvent bien supérieurs aux visages de l’Enfant Jésus. Mais les peintres ont toujours organisé la composition de sorte que l’Enfant soit bien au centre. Enfin, pour les peintres, ce sujet offrait plus de possibilités que d’autres car il pouvait se diviser en trois scènes. Ces dernières sont le voyage à Bethléem, la naissance de Jésus et l’Adoration des Mages.

La plus ancienne représentation de la Nativité se trouve dans les catacombes de sainte Priscille à Rome. On y voit la vierge allaiter, thème intime, tiré du réel, qui sera longtemps repris. Mais au XVe siècle, les icônes de la Nativité de l’école de Novgorod montrent plutôt un symbole, celui de Marie offrant son enfant au monde.

Par la suite les Nativités traverserons les temps au gré des visages et des modes.Par exemple, les rois mages des Nativités de van der Weyden sont des chef-d’oeuvres de passementeries et de drapés. Ils reflètent la richesse des villes flamandes du XVe siècle.

En revanche, les Nativités de Giotto se déroulent dans des milieux montagneux et dépouillés chers aux Franciscains. On pourrait penser aux paysages de l’Ombrie. Mais le caractère intemporel des lieux ancre le mystère dans le temps. Et pourtant l’intimité est toujours là. En effet la Vierge qui se tourne vers son fils pour s’assurer qu’il ne manque de rien est d’une grande poésie. Mais dans sa modernité picturale, Giotto avait jeté un pavé dans la mare. En effet, les peintres se préoccupèrent de plus en plus de naturalisme. Ainsi la composition centrée autour de la figure de Jésus devenait surtout un moyen de construire un espace.

Cette constatation est flagrante au regard de la Nativité de Pierro della Francesca. Car dans cette image de la Vierge agenouillée priant devant son enfant couché à terre, c’est l’air et l’espace qui inondent le tableau. Et l’on sent que l’artiste comme beaucoup de contemporains, a un grand intérêt pour les artifices lumineux.

A partir de la Renaissance, la question du visible et de l’invisible s’impose aux peintres. Car, dans la tourmente des réformes, il s’agit toujours de représenter le mystère de l’Incarnation.

Pour autant, les peintres comprirent assez vite qu’il fallait montrer d’une manière ou d’une autre que cet enfant n’était pas commun. En effet, il était le « Sauveur ». Et dans ce cadre , il fallait évoquer aussi la manière dont il allait s’y prendre. De là une certaine gravité gagne les visages et les lumières s’assombrissent. Citons les exemples des Nativités de Georges de la Tour ou du Greco.

Au XVIIIe siècle, le thème de la Nativité va progressivement s’éclipser. Puis, au XIXe siècle, terni par les représentations sulpiciennes, il finira par disparaître quasi complètement du paysage pictural.