Le prieuré de Trizay et son église octogonale

Cette terre était jadis essentiellement tournée vers le maraîchage. Elle se présente aujourd’hui comme un champ de marais et de bois. Mais à l’époque médiévale, la couverture de forêts était plus grande et était dévolu à la chasse. Aussi fallut de nombreuses congrégations religieuses pour s’intéresser aux lieux et décider  de valoriser la terre et les centres religieux dans la région.

CONSTRUCTION DE L’EGLISE

Sa construction débute en 1100. Vers 1170, on lui ajoute un prieuré. On sait que la communauté devait accueillir une douzaine de moines. Un prieur nommait par la Chaise-Dieu les dirigeait. Par la suite, le prieuré bénéficia des largesses des seigneurs parmi lesquels les seigneurs de Tonay-Charente. Ils en furent les principaux bienfaiteurs.

Le prieuré prospéra grâce à ses donations.

Mais à la fin du Moyen Age, le prieuré tombe sur le système de la Commende. Cela provoque son déclin qui s’accentue avec les guerres de religion.

En 1562, les troupes protestantes. L’église en partie détruite ne conserve que son chevet.

AVENEMENT DU SITE

On ne connaît pas l’origine du site de Trizay qui est mentionné pour la première fois en 1177 alors qu’on parle 20 ans plus tôt d’un établissement datant de 1157 dépendant de la Chaise-Dieu. En effet, l’absence de textes précis ne nous permet pas d’affirmer que c’est Hugues de Tonay qui a institué le prieuré. Mais on sait qu’en 1226, il le donne  à la Chaise-Dieu. On situe donc vers 1150 l’installation de la communauté des moines et la construction du prieuré dans une phase tardive du roman. Et dès la fin du Xie siècle, on parle de Trizay comme d’un prieuré brillant qui s’épanouit tranquillement dans la région. Ceci conforte l’idée que l’église fut construite bien avant les bâtiments communautaires et était vraiment destinée à un prieuré.

L’ESPRIT-MERE : LA CHAISE-DIEU

Cette abbaye bénédictine avait fondée en Auvergne en 1043 par Robert de Turlande. Dès la fin du XIe siècle, l’abbaye modeste prend une importance considérable, accueillant près de 300 moines. Son rayonnement s’oriente partout en France sans que nous sachions pourquoi elle a un attrait particulier en Saintonge. En 1075 pourtant , se crée le Prieuré de saint-Gemme grâce à l’impulsion du duc d’Aquitaine. D’autres paroisses telles celles de Geay, Meursac ou Thézac suivent et viennent conforter la congrégation

FONCTIONNEMENT DE LA CONGREGATION

A la fin du Moyen Age une certaine prospérité semble s’installer. Le prieuré se dirige comme une seigneurie qui prélève de l’argent sur l’exploitation de ses terres. La seigneurie de Tonay passe ensuite à la famille de Rochechouart dont certains membres de la famille sont enterrés dans le prieuré. Après, on ne sait si le prieuré eut à souffrir de la Guerre de Cent Ans.

A partir du XIVe siècle, l’instauration du régime de la Commende touche un grand nombre d’abbayes. En effet, les papes d’Avignon instaurèrent ce système qui permettait de nommer à la tête des monastère des abbés  sans qu’ils passent par  l’élection de leur pairs. Au XVIe siècle, le prieur est un membre de la famille Goumard dont certains sont aussi chanoines de la cathédrale de Saintes. La mainmise de cette famille sur le prieuré dura jusqu’au XVIe siècle.

LES GUERRES DE RELIGION

Elle ont précipité le déclin du prieuré. Il subit la destruction la plus forte sans doute au cours de la seconde guerre de religion entre 1568 et 1580.  Pour protéger le prieuré, les catholiques y installèrent une garnison jusqu’en 1580. Puis on mura le chevet pour servir d’église paroissiale jusqu’au XIXe siècle. Enfin, pour achever le tout, la salle capitulaire servit d’écuries.

Le prieuré de Trizay et son église octogonale. Sources: Christian Gensbeitel Une dépendance de la Chaise-Dieu en Saintonge, Collection Abbatia, septembre 2017