Le Titien maître de la peinture vénitienne. Cet artiste est incontestablement le plus grand maître de la peinture vénitienne. Il a livré à la fois des décors magnifiques dans la cité lacustre mais aussi de très belles toiles religieuses et portraits. En effet, l’artiste demeurera longtemps le maître de référence pour la traduction psychologique du portrait moderne vénitien.

UNE ASCENCION FULGURANTE

Né en 1488, le Titien se fait d’abord connaître pour la qualité exceptionnelle de ses portraits. Il se forme dans l’atelier du peintre Bellini et il se lie en même temps d’amitié avec le peintre Giorgione. Ce dernier est le promoteur d’un style nouveau à Venise, auquel le jeune peintre adhère entièrement. Mais il faut lui donner du temps pour faire ses armes.

La mort prématurée de Giorgione en 1510 propulse le jeune Titien sur le devant de la scène artistique. Il part alors à Padoue à la recherche de nouvelles commandes puis arrive à Venise en 1511. En 1516, la somptueuse Assomption de la Vierge de l’église dei Frari marque sa supériorité picturale de tous ses rivaux.

LE TITIEN MAITRE DE LA PEINTURE VÉNITIENNE: UN ART PROFANEE

En 1500, Titien réalise une toile exquise que le Louvre a la chance de posséder, le Concert champêtre. Deux femmes nues, l’une près d’une fontaine et l’autre de dos, jouant de la flûte, accompagnent deux joueurs de luth dans un paysage verdoyant. D’aucun est d’accord pour interpréter cette toile comme une allégorie de la poésie. Mais on songe aussi au thème de l’Arcadie, formulé par Virgile dans les Bucoliques. Cette toile saisissante est résolument moderne car elle met en scène des nus dans un paysage bucolique. Les artistes modernes tels que Manet s’en souviendront en 1863, lorsqu’il peindra le Déjeuner sur l’herbe.

En 1538, Titien réalise la Vénus d’Urbino qui met en scène de manière théâtrale un magnifique nu féminin couché. La jeune femme qui a l’air heureuse tient dans sa main droite un bouquet de fleur et de sa main gauche, elle cache à peine son sexe marqué par une ombre pudique et profonde. L’artiste entérine ainsi une série de nu féminin, qui mènera Goya dans sa Maja desnuda ou Manet dans son Olympia.

On retrouvera ce merveilleux traitement du nu féminin avec sa Danaé datée de 1545 et conservée au musée de Naples.

LE TITIEN MAITRE DE LA PEINTURE VÉNITIENNE, MAIS AUSSI  PEINTRE RELIGIEUX

L’Assomption de la Vierge de l’église Dei Frari à Venise de 1516, correspond à la grande tradition des retables baroques. Mais la nouveauté est dans le mouvement général des personnages qui constituent la scène. En effet, les personnages représentés jadis de façon statique, sont divisés en deux mondes, celui du ciel et celui de la terre. Les apôtres situés dans le domaine de la terre ne s’intéressent nullement au spectateur. Ils sont au contraire littéralement aspirés vers la partie supérieure où la Vierge se dirige dans son corps tournoyant. Les contraposto et les jeux d’ombres et de lumière de cette partie terrestre sont saisissants.

Au dessus, une nuée d’anges sont disposés sur des nuages qui s’imposent clairement sur un ciel clair et donne une assise à la voûte céleste dans laquelle la Vierge est accueillie. Enfin, en haut, Dieu le Père, dans un raccourci magistral, accueille « Sa Fille » en écartant un nuage d’orage mêlé de draperie sombre.

En 1527, Il travaille d’abord pour le duc de Mantoue pour qui il réalise des œuvres religieuses et profanes. Puis, son amitié avec l’Aretin et Sansovino lui ouvrent la voie des commandes papales. Ainsi en 1545 il est accueilli à Rome .

Puis, en 1545, il est appelé par Charles Quint, qui l’anoblit et en fait son Premier Peintre de Cour. Il est à la fois le peintre de Sa Majesté mais aussi un peu l’espion de l’Europe. En effet, tout en étant peintre des cours d’Europe, il a aussi sans doute des missions diplomatiques secrètes essentiellement auprès de Charles Quint.

LE TITIEN MAITRE DE LA PEINTURE VÉNITIENNE:

LA PRIMAUTÉ DU PORTRAIT

A Venise, les commandes sont essentiellement corporatives. On demande surtout des décors de chapelles, d’églises et de grandes salles de réunions. Dans ce cadre, le jeune Véronèse, mais surtout le Tintoret, arrivent à présenter de tels projets que le Titien s’incline. Les grands projets plafonnants sont trop difficiles pour lui. Mais sa peinture de chevalet, traitant à la fois de portraits ou de sujets religieux enchantent encore ses contemporains.

En ce qui concerne le portrait, Titien est novateur car il en fait un moyen de communication. Ainsi, ses sujets portent les habits qui indiquent leur rang, leur fortune ou leur fonction. Certains ont dans le regard ou le traitement de la main, une note reflétant une humanité plus grande, une autre vision du monde.

Par ailleurs, Titien invente la typologie des « belles dames », à mi-corps, souvent richement vêtues sur un fonds sombre. Dans ce cadre, l’artiste ne nous mets pas en face d’une femme en tant qu’objet de désir, mais d’une personnalité pleinement consciente.

Progressivement, l’artiste utilise une toile de plus en plus épaisse, donnant une texture nouvelle à ses œuvres. Ses dessins préalables disparaissent dans ses œuvres au point que la matière picturale prend le dessus sur ses toiles.