Sully grand ministre des finances.

Ce grand ministre d’Henri IV rétablit les finances de l’Etat après les guerres de religion. Sa fidélité au roi, son immense capacité de travail et sa gestion des finances resteront en mémoire dans l’histoire de France.

Maximilien de Bethune né en 1559, devenu duc de Sully par la volonté d’Henri IV appartient à une famille de protestants. Et cela provoque la ruine de son père qui doit pour cela payer une lourde rançon. Aussi, Maximilien sera privé d’héritage et devra se débrouiller seul. Il entre au collège de Bourgogne, institut très catholique, ce qui le sauve au moment de la saint Barthélémy. Puis il devient page du roi de Navarre, le jeune époux de la reine Margot , alors  séquestré au Louvre.

Mais les guerres de religion continuent et Sully mène une vie d’aventure. Dans une France en guerre où l’on pille et l’on viole, ce jeune mousquetaire défend les opprimés. Pour cela, il reçoit des récompenses. Resté seul à la suite de la mort de son père et de son frère, il garde pour lui ses rentes et les soignent.

Mais les affaires de la France vont mal. Henri III meurt assassiné et sans enfants. L’héritier du trône est donc le roi de Navarre, chef des protestants. L’Espagne tente d’imposer un prince espagnol en montant une Ligue, pour  garder une Europe catholique. Et Élisabeth d’Angleterre qui vient de battre la Grande Armada ne veut pas laisser faire l’Espagne. Par la suite, le roi de Navarre finalement reconquiert la France et tente le siège de Paris. Puis se replie en Normandie. Il mécontente tout le monde, catholiques comme protestants et le pays est excédé par la guerre civile.

Le roi appelle Maximilien de Bethune, lui demande de réfléchir à la situation et de revenir dans trois jours. Mais le futur ministre s’esquive, c’est un homme de religion et non d’abjuration. Pourtant, c’est l’abjuration que choisit le roi de Navarre. La cérémonie catholique a lieu en grande pompe ce qui exaspère Sully. Pourtant le roi l’appelle à ses côtés et lui demande de fermer les yeux.

Par ailleurs, il lui demande de remonter les finances de l’Etat. Les guerres civiles incessantes ont vidé les caisses. De plus, le roi a été obligé d’acheter les derniers ligueurs et voilà Sully ministre des finances. Les recettes ne rentrent pas, les paysans sont exsangues, les teinturiers ne réalisent que 30% de leur chiffre d’affaire. Si les recettes sont mauvaises, les dépenses sont abyssales. La guerre a coûté cher, et l’État a du emprunter pour payer ses soldats.

Mais il y a eu aussi les profiteurs qui ont détourné beaucoup d’argent pendantla guerre. Allors Sully commence par les poursuivre en justice et leur payer des amendes. Puis il désarme les particuliers qui s’étaient armés pour se substituer à l’État défaillant. Enfin, il restaure la libre circulation des produits agricoles dont le prix monte lorsqu’ils ne peuvent pas s’offrir là où ils sont demandés.

Puis il revalorise les produits agricoles et réduit au maximum les dépenses publiques ce qui permet de rééquilibrer les budgets de l’État. Mais à la veille de l’assassinat d’Henri IV, la France doit de nouveau s’armer pour lutter contre l’Autriche. C’est le drame chronique de l’Ancien Régime, le déficit provoqué par la guerre. Le roi a l’idée alors de provoquer l’inflation en diminuant le titre de la monnaie pour en faire un plus grand nombre avec la même quantité d’or. Sully est contre. Mais c’est le roi qui décide. Les recettes rentrent, des économies suffisantes permettent au ministre de fournir  à son maître de l’argent pour jouer et combler ses maîtresses. Par ailleurs, Sully s’est aussi beaucoup enrichi personnellement.

En effet, un jour, il confisque des barques chargées d’or que l’on tentait d’expédier malgré l’interdiction d’exporter des capitaux. Un autre, Il confisque des lots de tabacs de contrebande. La recette va autant dans l’escarcelle de l’État que dans la sienne. Cependant, le ministre travaille durement. De 4 heures du matin à midi il travaille avec 4 secrétaires aux affaires du royaume. Puis il déjeune et s’occupe de la Cour. L’affaire n’est pas simple. Il doit lutter contre les courtisans et les maîtresses du roi et contre le roi lui-même. Car les courtisans obtiennent du roi des récompenses que l’État ne peut pas toujours tenir.

Enfin, il eut de nombreux déboires avec Gabrielle d’Estrées qui s’avère avide de pouvoir et d’argent surtout après qu’elle ait donné un fils au roi. Sully sera le constructeur du démariage avec la jeune femme mais aussi de l’écartement de la couronne de la jeune Henriette d’Entraigues. Puis il négociera le mariage avec Marie de Médicis dont la dot, il va sans dire, arrange les finances de la France. Par la suite le ministre aura aussi du mal avec la reine, qui se conduit souvent comme une incorrigible fille de banquier florentin. Mais le roi l’aimait d’une très grande amitié et lorsque le ministre tomba malade à l’Arsenal le 28 mai 1610, il quitta ses belles compagnies pour lui rendre visite. Mais il ne le verra pas car il sera assassiné en chemin.

Quelques mois plus tard Sully est contraint de démissionner, en 1611. Il a 52 ans et est en pleine possession de ses moyens. Dès son départ il voit son travail détruit. Les pensions doublent et agrandissent le trou du déficit. La politique avec l’Autriche tombe à l’eau et menace l’autorité de la France. Alors il se retour dans son château de la Loire et mène une vie princière. Mais son successeur Richelieu mettra un arrêt contre lui. Cela brisa l’octogénaire qu’il était et il mourut peu de temps après, le 22 décembre 1641.

 Sully grand ministre des Finances

 

Véronique Proust