La collection Chtchoukine conférence projection dans le cadre du cycle des grandes collections. Degas, Gauguin, Picasso, Matisse, Derain , Monet, Van Gogh…. Cette conférence vous en dévoilera les chefs-d’oeuvre ainsi que l’histoire de la dynastie des Chtchoukine, au cœur de l’industrie textile russe.

Les Chtchoukine forment d’abord une dynastie. Le grand-père Sergueï Ivanovitch Chtchoukine quitte le vieux village de Borosk. Il vient, après les campagnes napoléoniennes, tenter sa chance à Moscou. Son fils, Yvan, crée une importante firme de textile à une époque de pleine expansion industrielle en Russie. Il épouse Ekaterina Petrovna Botkine, issue d’une dynastie de marchands de thé. Cette dernière donnera à la Russie nombre d’artistes et de fonctionnaires.

Le couple a 4 fils, et Yvan, dans un soucis dynastique, fait donner à chacun une solide éducation tournée vers le négoce. Sergueï, notre collectionneur, né en 1854, est atteint de bégaiement et échappe à cette éducation. Il est soigné en Allemagne.

Lorsqu’il revient en Russie, il s’avère être le plus doué des 4 pour reprendre l’affaire paternelle. Aussi le désigne-t’on à la mort du père en 1890, pour lui succéder. Entre temps, ses frères ont eu le temps de prendre les rennes d’autres affaires. Par ailleurs, l’influence de leur oncle collectionneur et de l’associé de leur père  les incline à collectionner de leur côté. C’est le cas de Piotr, un des frères de Sergueï, qui rassemble une collection d’antiquités de toute sorte. Elle comprend des bronzes et des tapis d’Orient.

Sergueï épouse en 1884 Lydia Grigorievna Koreneva dont la famille a fait fortune dans les mines du Donbass en Ukraine. Le couple donne naissance à trois fils et une fille. Pendant ce temps, Sergueï fait prospérer la firme avec un grand sens des affaires . On sent aussi chez lui un sens affiné des tendances artistiques de son temps. Voyageant en Asie centrale et en Inde, il choisit les motifs et les teintures. Puis il s’intéresse particulièrement aux nouveautés des arts décoratifs.

Pendant ce temps son frère Piotr augmente sa collection d’antiques, qu’il léguera plus tard au musée historique de Moscou, et son autre frère Yvan, s’installe à Paris. Il y reçoit des artistes français et fréquente la galerie Durand-Ruel. C’est lui qui présente Sergueï aux galeristes parisiens et avec qui il achète une toile de Pissaro pour commencer. Puis il diversifie sa collection.

Sergueï a une idée très précise, celle de créer un musée d’art moderne. Il reçoit la formation de Vollard et Durand-Ruel, mais aussi par Léo et Gertrude Stein. En effet il admire leur salon et leur collection. Et il achète des œuvres choquantes mais pertinentes, et fait montre d’une attention exceptionnelle.

De 1898 à 1908, il achète 13 Monet , 8 Cézanne, 16 Gauguin. Son père, très satisfait de la réussite de son fils, lui avait donné le palais Troubetskoï dans lequel il recevait beaucoup et faisait visiter sa collection à quelques amis triés sur le volet.

Mais le destin le frappe et cet homme qui n’avait jamais été confronté au malheur va l’être brutalement. En l’espace de 5 ans, il perd son dernier fils, noyé dans des conditions mystérieuses et retrouvé quelques mois plus tard seulement après la décrue de la Moscowa. Son épouse adorée ne s’en remet pas et meurt l’année suivante d’un cancer foudroyant. Ce qui désespère un autre de ses fils qui se suicide peu de temps après.

Sergueï part alors faire une retraite dans le désert, au monastère saint Catherine du Sinaï et écrit un carnet de voyage, seul témoignage écrit que nous possédons de lui.

Quelques mois plus tard, il est à Paris, rend visite aux Stein et découvre chez eux le tableau de Matisse »Luxe, calme et volupté ». Au fond de la toile, on aperçoit une farandole qui fascine Chtchoukine. Il  demande alors au peintre d’agrandir cette scène sur une toile plus grande, qu’il mettrait à Moscou, dans l’escalier de son palais. Mais le collectionneur doit renoncer à cette toile qui présente trop de nus. Sa collection qui est désormais ouverte au public un jour par semaine est fréquentée par les futurs peintres russes mais aussi par des jeunes filles et des jeunes collégiens venus pour apprendre à dessiner.

En 1914, il rencontre une jeune pianiste divorcée de quarante ans, Nadejda Affanassievna Mirotvorseva qui lui apporte la joie et la sérénité. En 1915, leur naît une petite Irène. Mais en 1918, la famille du tsar est tuée et les Bolchéviques prennent le pouvoir. Sergueï met son épouse et sa fille à l’abri et les envoie en France. Puis avec son fils Yvan, il profite d’un train qui part en Ukraine en 1918, pour les rejoindre à Nice puis à Paris. Pendant ce temps sa collection est tombée dans l’escarcelle de l’Etat soviétique. La fille de Sergueï, Catherine, est nommée avec son mari, le comte Keller, responsabe de la collection, mais le couple ne reste pas longtemps et profitent du passeport Lettonien du comte pour s’enfuir en 1922.

La collection est fusionnée avec celle d’Yvan Morozov réunie dans le musée d’Etat d’art occidental moderne. En 1923, Sergueï Chtchoukine modifiait son testament et léguait son musée à la Ville de Moscou. Il termina ses jours dans son appartement d’Auteuil entouré de quelques toiles de Raoul Dufy ou Henri le Fauconnier et y mourut en 1936.

Pour les groupes: Conférence disponible tous les jours sauf le dimanche dans vos locaux

Pour les individuels: Pas de conférence prévue pour le moment  http://www.europexplo.fr/transsiberien-co…rence-projection/