Exposition la collection Morozov à la fondation Vuitton cours en ligne. Deux grandes collections d’art français du XIXe siècle ont été réunies par deux industriels, Chtchoukine et Morozov. Après avoir montré celle de Chtchoukine, la fondation Vuitton s’intéresse à celle de Morozov. Ce dernier, comme Chtchoukine a fait fortune dans l’industrie textile. La fortune bâtie en 3 générations échoit à 3 frères, mais c’est Yvan qui dirige l’entreprise. A l’instar de ses frères mais aussi d’autres familles russes fortunées, Morozov se rend régulièrement à Paris et achète des toiles modernes. Il rassemble ainsi des toiles de Renoir, Monet, Van Gogh, Pissaro , Bonnard… A la Révolution russe leurs collections sont nationalisées. Elle seront le noyau des musées de l’Ermitage, du musée Pouchkine à Moscou et de la galerie Tretiakov. La fondation Vuitton nous en dévoile un grand nombre. Pour notre plus grand bonheur.

 

Il y a cependant une différence entre Chtchoukine et Morozov. En effet, le premier achète des toiles à Paris pour constituer un musée capable d’éduquer une nouvelle génération d’artistes russes. Ainsi, Larionov et Gontcharova ont découvert la modernité dans les galeries de Chtchoukine. Tandis que Morozov achète des toiles françaises mais aussi des toiles d’artistes russes qu’il réunit dans une galerie ouverte à tous et gratuitement.

 

Dans les années 1910, Moscou est resté le centre religieux, mais devient aussi une grande ville industrielle dans laquelle la filature a toute sa place. Et les Morozov étaient de loin la dynastie marchande la plus fameuse. Mais comme tous ces grands industriels pieux, le rôle de la charité est fondamental. Mais il la mette la plupart du temps au profit de la culture. Ainsi ces grandes famille s’ouvrent des bibliothèques gratuites, soutiennent l’opéra, ouvrent des hôpitaux. Sans eux, les ballets de Serge Diaghilev n’auraient pas vu le jour.

 

Celui qui va donner une grande impulsion à la fortune familiale est Abram. En effet, il a su saisir la modernité technologique pour mécaniser ses ateliers. Avec son épouse Varvara, ils ont trois fils. Le premier Mikhaïl hérite de la société paternelle mais il ne s’y intéresse guère. Yvan le cadet est plus réservé, il est aussi l’espoir de la famille. En effet, on l’envoie àZurich pour faire l’école Polytechnique et se spécialiser dans la chimie. Cette dernière est en effet au cœur de l’excellence de la filature. Tout en suivant ses études, Yvan dessine déjà et se passionne pour le paysage.

 Le dernier, Arseni est tout autant artiste. Mais il est plus excentrique. En effet il se fera construire au milieu d’un quartier traditionnel de Moscou un palais gothique, décoré à l’intérieur dans un style Art Nouveau.

Malgré les activités philantropique au service des ouvriers de Varvara, les ouvriers font souvent grève. La grande grève de 1905 déstabilise l’entreprise. Mais elle déçoit aussi Yvan qui cherche refuge dans la peinture. Chaque année il se rend deux fois à Paris. Il visite les galeries de  à qui il achète d’abord des toiles impressionnistes. Ainsi il acquiert un Paysage  de Pissaro et une gelée à Louveciennes de Sisley. Enfin il acquiert le portrait de Jeanne Samary de Renoir. En même temps, il acquiert des toiles de peintre russe. C’est ainsi que l’arc-en-ciel  du peintre Somov et le Boulevard des Capucines  de Korovine entrent dans sa collection Durand-Ruel.

Il fait la connaissance d’Eudoxie Kladofchikova née en 1885 et morte en 1959. Il s’agissait d’une choriste rencontrée dans une boite de nuit populaire de Moscou. Après 3 ans de liaison cachée avec cette jeune femme, il finira par l’épouser 4 ans après l’avoir rencontré et ils auront une fille unique. Quant à leur fille, appelée également Eudoxie, elle est née en 1903 et morte en 1974. Les héritiers légitimes dépossédés de leur collection sont les enfants de son fils, Yvan.

A Paris, Morozov fait la connaissance de Denys Cochin qui lui montre els décors de son hôtel, de Maurice Denis. Aussitôt, Morozov contacte l’artiste et lui demande un décor pour son salon. Il lui laisse carte blanche pour le thème. C’est ainsi que l’hôtel de Morozov possède un salon peint par Maurice Denis. Mais l’escalier de son hôtel est aussi décoré de peintures de Bonnard.

Valentin Serov devient à Moscou le portraitiste incontournable de l’intelligentzia russe. Artiste talentueux, il adapte un style différent à chaque portrait. Ainsi, pour Morozov, il le met en valeur devant l’un des tableaux phare de sa collection, une nature morte de Matisse. Morozov est présenté frontalement, le regard droit vers celui du spectateur. Le portrait est saisissant. On sent l’homme déterminé du chef d’entreprise, qui garde cependant un regard bienveillant sur le monde des arts.

Après sa rencontre avec Vollard, il acquiert d’autre Gauguin , et une montagne sainte Victoire de Cézanne. Tout en restant fidèle à l’impressionnisme (Pissaro vue de Eragny), il se lance dans l’acquisition d’un Picasso. Ainsi la femme à l’éventail entre dans sa collection.

La déclaration de guerre en 1914 apparaît comme une aubaine pour Morozov. En effet, l’armée commande près de 5 millions de mètres de draps pour les soldats. Ses bénéfices sont énormes. Près de 18 000 personnes travaillent dans la manufacture. Quant à sa belle sœur Margarita, l’épouse de Mickaël, elle ouvre un hôpital dans son hôtel particulier.

A la première exposition de Chagall, Morozov, en acquiert aussitôt. Il sera le premier collectionneur du peintre russe.

Mais dès 1918, on prie les collectionneurs de rester dans leur hôtel et d’ouvrir obligatoirement leur collection. La manufacture Morozov est nationalisée. Le 15 juillet, le tsar est assassiné. Chtchoukine arrive à partir avec son fils. Morozov en fait de même avec sa femme et sa fille et se rendent à Carlsbad. En juillet 1922, Morozov meurt brutalement d’un infarctus du myocarde à l’âge de 49 ans.

Exposition la collection Morozov à la fondation Vuitton

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