Marcelle Cahn peintre de la géométrie. La photo de Pierre Bouchey ne nous donne aucunement l’image d’une femme artiste mais plutôt d’une bourgeoise à l’écoute. En effet Marcelle Cahn naît à Strasbourg alors sous domination allemande, dans une famille de banquiers. Elle apprend d’abord le dessin dans cette même ville. Puis elle s’installe avec sa mère et son frère à Berlin. Là, elle découvre Kant et sa philosophie, elle apprend aussi la musique et la littérature. Elle est d’abord influencée par Paul Cézanne qu’elle considère comme « le sommet de la peinture moderne ». Puis elle se tourne vers le groupe expressionniste Strun and Drang pendant la Première Guerre mondiale.

En 1920, elle s’installe à Paris et suit des cours dans différentes académies comme celle de la Grande Chaumière à Montparnasse. Elle est d’abord l’élève d’Amédée Ozenfant puis de Fernand Léger. Cette rencontre va être déterminante car Marcelle va s’intéresser aux compositions abstraites. En effet, l’atelier de Fernand Léger est à cette époque le plus novateur et le plus progressiste. Les femmes qui ont travaillé dans les usines pendant la Guerre sont sorties de la sphère privée et arrivent à le faire reconnaître. Aussi l’atelier du peintre accueille des femmes venues de tout horizon, comme Marcelle Cahn ou la danoise Francisca Clauden. Cette dernière reçoit aussi l’influence des constructions de Léger.

Dans sa Composition abstraite de 1925, Marcelle Cahn mêle l’abstraction et la figuration, en présentant une salle de bain composée d’un lavabo et d’une fenêtre. La composition ne présente aucune perspective. Les éléments forment une construction abstraite qui pourtant les rend identifiables. Chaque élément forme des aplats de tons blancs, noirs et gris, qui donnent une illusion de volume.

Dès lors, l’artiste proche du cubisme, va développer des théories puristes. En 1929, elle participe à l’exposition organisée par Michel Seuphor « Cercles et Carrés » où figuraient par exemple Kandinsky et Fernand Léger. Mais elle demeure comme d’autres femmes, très minoritaire au sein du groupe. C’est en 1927 qu’elle présente Femme à la raquette où la raquette forme une place centrale dans une composition très géométrique. Néanmoins, elle évoque ses interrogations dans ses choix entre l’abstraction et la figuration.

Tout le monde à l’époque, faisait les choses avec hésitation dira-t’elle. A partir de 1929, son œuvre s’affirme. On retrouve des dessins géométriques, des collages ou des tableaux reliefs. Elle exposera constamment dans la galerie Denise René à partir de 1966. Elle s’éteindra à Neuilly-sur-Seine en 1981.

Marcelle Cahn peintre de la géométrie

Véronique Proust